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Ce qui se passe au Nigéria

Comme tous les soirs, elles dormaient dans leur dortoir de l’internat du lycée public de Chibok, dans l’Etat de Borno, au Nord-Est du Nigéria. Mais le 14 avril dernier, ce soir-là, la vie de 276 jeunes filles, qui se préparaient à passer un examen annuel, à basculer.
Leurs bâtiments ont été incendiés et des échanges de coups de feu entre gardiens de sécurité et assaillants ont retenti dans l’enceinte de l’établissement, faisant 2 morts.

En quelques minutes, elles sont passées de jeunes lycéennes pleines d’avenir, à butin de guerre aux mains d’islamistes dont on ne peine à imaginer le sort qui leur sera réservé.

53 d’entre elles ont heureusement pu s’échapper, mais les 223 autres restent captives du groupe islamiste Boko Haram.

Dans une vidéo obtenue par l’AFP ce 5 mai, Abubakar Shekau, le leader de Boko Haram revendique l’enlèvement et affirme vouloir traiter les jeunes filles en esclaves, les vendre ou les marier de force.

Boko Haram, qui signifie « l’éducation occidentale est un péché » en haoussa, est souvent qualifiée de secte islamiste. S’inspirant des talibans d’Afghanistan et basés dans le Nord-Est du pays, les membres de ce groupe apparu en 2000 s’attaquent au gouvernement nigérian, aux Chrétiens et aux Musulmans suspectés de collaborer avec le pouvoir en place, à travers une série d’attentats.

D’ailleurs, le jour du rapt des lycéennes, un attentat à la bombe avait eu lieu dans une gare routière proche de la capitale fédérale, Abuja, faisant au moins 75 morts et 141 blessés, l’attentat le plus meurtrier jamais commis dans la ville et attribué aux islamistes.

Prise au départ pour un simple groupuscule comptant quelques partisans, Boko Haram se révèle depuis 2009 être une véritable organisation dont les attaques sporadiques mettent à mal l’armée nigériane.

Dépassé par l’ampleur des événements, le président Goodluck Jonathan a publiquement demandé l’aide des États-Unis, qualifiant Boko Haram de «cancer» voulant tuer son pays.

Et selon un spécialiste français de la région, Bertrand Monnet, directeur de la chaire Management des risques criminels de l’École des hautes études commerciales du nord, « les terroristes de Boko Haram sont des barbares», et des groupes islamistes comme Aqmi et Ansar Eddine seraient des « agneaux » comparés à eux.

Les familles des jeunes filles sont désemparées face aux rumeurs qui font état que les adolescentes pourraient avoir été transférées au Tchad et au Cameroun, et vendues pour 12 dollars chacune.

Ce rapt massif, qui a ému l’opinion publique nigériane, vient renforcer l’idée que la secte Boko Haram aurait trop largement été sous-estimée par le gouvernement du pays le plus peuplé d’Afrique.

Et déjà l’escalade de la violence laisse place à l’ignominie, car selon Amnesty International, les insurgés islamistes, mais aussi l’armée, ont probablement commis, lors de leurs différents affrontements, des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité dans le nord du pays.

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