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Artefact

Quand j’aperçois un téléphone public, je suis surprise qu’on trouve encore ces reliques du passé. Photo: Pierre Brassard | www.pierrrebrassard.com

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

J’allais, ce samedi-là, voir une exposition au Musée d’art contemporain. Je descends donc à la station qui la dessert et marche d’un pas lent, mais néanmoins déterminé, vers ma destination.

C’est à ce moment, en longeant le quai vers la sortie, que je les aperçois tous les deux : le premier est fixé au mur et la seconde est liée au premier par un fil. On parle ici d’un téléphone public et d’une dame qui a certainement dans les 80 ans.

Je ne me souviens plus la dernière fois que j’ai vu un humain utiliser cet objet vétuste. Je me suis même demandé combien pouvait maintenant coûter un appel logé à partir de cet outil tellement obsolète dans notre paysage si moderne et si mobile. (Je me suis renseignée depuis : ça coûte 50 sous!) En fait, chaque fois que j’aperçois un téléphone public, je suis surprise qu’on trouve encore ces reliques du passé, dispersées ici et là dans la ville.

Puis, devant l’âge de la dame, je me dis, avec respect, qu’ils sont utiles notamment à cette génération qui arrive souvent à fonctionner sans portable. La belle dame aux cheveux blancs domptés en un chignon impeccable rend donc légitime la survie du téléphone public, qui deviendra bientôt un artefact qu’on pourra retrouver dans un musée des civilisations, aux côtés d’outils ancestraux gossés dans de la pierre ou dans une canine de loup.

Je regarde alors le téléphone et la dame avec un sentiment de tristesse et de nostalgie quand, soudain, je saisis le sens des paroles prononcées : «Oui, c’est grand-maman… Je sais, tu ne reconnais pas le numéro… Je t’appelle d’un téléphone public parce que mon iPhone est déchargé. Oui… D’accord, on se retrouve à la sortie», de dire l’octogénaire dynamique à son interlocuteur.

Je poursuis mon chemin, convaincue plus que jamais que le lien entre les générations demeure ce que la vie fait de plus beau et de plus puissant. Que ce soit un téléphone public qui pallie la faillibilité des guizmos technos ou, surtout, une grand-mère qui passe un samedi après-midi avec ses petits-enfants.

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