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Trolls et cowboys

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Ligne orange du métro, station Berri-UQAM, Direction Montmorency. C’est jeudi, il est 17 h 10.

J’arrive de ce côté du quai alors qu’il est déjà bien peuplé. Idem pour celui d’en face. On est réunis, nous, passagers de fin d’après-midi, espérant ensemble notre transport : des étudiants, des hommes et des femmes d’affaires, et d’autres un peu plus bohèmes. Des couples, des solitaires. On se tient là, coude à coude, regardant au loin si le métro arrive. Ou alors, on balaie des yeux les usagers d’en face qui comme nous subissent l’attente. On soutient parfois leur regard, allant même parfois jusqu’à les défier.

Avez-vous déjà remarqué, en situation d’attente comme celle-là, qu’une notion de jeu totalement enfantine peut s’installer en nous? Surtout chez ceux qui gagnent le quai sans savoir laquelle des deux directions a été servie la dernière et qui, conséquemment, se demandent si le prochain métro visera l’ouest ou le nord.

Notre équipe, qui pointe vers cette dernière direction, vote pour ce point cardinal, et les cow-boys d’en face votent pour le Far-Ouest.

On est des autochtones qui protègent leur territoire et leur honneur. Eux, de l’autre côté du ravin, sont sans pitié et prêts à dégainer à n’importe quel moment. Mais on est braves et plus agiles qu’eux. Si leur diligence se fait attendre, notre monture à nous n’est plus bien loin. On le sent. Et l’envie est forte de coller une oreille au sol pour sentir les vibrations du train. Mais on se retient, car le plancher est couvert de slush… et on porte une nouvelle tuque rose pâle.

Si l’esprit de Calamity Jane ou de Geronimo ne fait pas l’unanimité, libre à nous d’adapter la compétition à l’univers des trolls maléfiques et des chevaliers moyenâgeux. L’idée étant, aussi étrange que cela puisse paraître, de transposer sur le premier métro arrivé un petit sentiment d’appartenance et de fierté. Ce qui est, bien sûr, aussi ridicule qu’inutile.

Est-ce que cet exercice puéril nous gagne par besoin d’être divertis, ou parce que l’humain est un être instinctivement compétitif? Un peu des deux, peut-être.

Les métros sont arrivés. Presque synchros. Mais on a gagné, car le nôtre avait au moins trois secondes d’avance. 1-0 pour les Nordiques!

Si la rivalité et la concurrence ne sont pas toujours d’honorables sources d’inspiration, admettons qu’elles peuvent parfois vivement tromper l’ennui.

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