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La complicité

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Métro ligne verte. Direction Angrignon. Nous sommes mercredi. Il est  15 h 20.

Elles ont deux belles têtes blanches. Sont âgées de sept ou huit décennies. Elles ont posé leurs sacs à main sur leurs genoux et discutent ensemble doucement. Je suis assise suffisamment près d’elles pour profiter subtilement de leur conversation.

Elles pourraient être sœurs, mais leurs propos trahissent qu’elles sont plutôt amies. L’une a les yeux très, très bleus, porte des lunettes, un manteau de fourrure, des perles aux oreilles et est assez menue. L’autre a les yeux bleus elle aussi, mais moins que la première, affiche de joyeuses rondeurs et arbore un style plutôt sport.

Elles ont le sourire et le teint lumineux des êtres libres. Ce qu’elles sont totalement, en ce milieu d’après-midi.

Je comprends rapidement qu’elles se rendent au cinéma, pour voir le plus récent film de Meryl Streep.

La première, en perles et fourrure, ne tarit pas d’éloges à l’égard de l’actrice. La seconde abonde. Puis, elles font des plans pour la suite, se proposant d’aller souper après la séance dans un petit bouiboui japonais, près du cinéma, où on propose une soupe divine. C’est la sportive qui met cette activité au menu. Proposition qui est accueillie avec enthousiasme par sa comparse. En fait, elles semblent être assez d’accord sur tout.

J’entends ensuite qu’elles échangent des nouvelles récentes au sujet de leurs maris, enfants et petits-enfants respectifs. Elles se montrent des photos. Sur iPhone. Car ces deux amies ne sont pas dépassées.

La coquette fait remarquer à la sportive que sa petite Jeanne lui ressemble beaucoup. Ce qui semble faire très plaisir à la fière grand-mère. Le métro aborde la station Atwater. Les deux amies se lèvent, descendent et s’éloignent bras dessus, bras dessous. Pour garder l’équilibre? Peut-être.

Mais probablement que ce geste en est davantage un de pure complicité. Et c’est vrai que parfois, souvent, ce sont ces amitiés si précieuses qui nous aident, au fil du temps, à nous tenir debout.

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