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La Floride et l’Alaska

Photo: Pierre Brassard | www.pierrebrassard.com

Chaque mardi, la journaliste et animatrice Julie Laferrière et l’humoriste, animateur et illustrateur Pierre Brassard posent un regard original sur les usagers du transport en commun.

Un abribus rue Sherbrooke. Nous sommes mardi autour de 12h30.

Vous souvenez-vous où vous étiez mardi dernier, quand le ciel nous est un peu tombé sur la tête?

Ce moment est frais à ma mémoire, car je n’étais pas du tout à l’abri. Sans même un parapluie pour me protéger la caboche de «l’éboulis» de grêlons qui ont déferlé subitement sur la ville, le temps d’une petite fin du monde. C’était fou.

Le ciel s’est fâché, d’un coup. Il nous a mitraillés de ses balles de golf, nous, pauvres citoyens innocents dont l’unique faute était de se trouver dans les rues ce midi-là. Heureusement, un abribus a offert l’asile à certains d’entres nous afin que nous puissions nous y réfugier, le temps que cette crise de nerfs météorologique s’apaise un peu.

Un monsieur qui se tient à mes côtés époussette du revers de la main son manteau qui ne semble pas très imperméable. Il me sourit en disant qu’il n’a pas prévu cette température maussade, mais que, «une chance, la grêle mouille moins que la pluie». Il y a décidément de ces optimistes qui, même agressés par les pires intempéries, ne se laissent pas gâcher leur bonne humeur!

Une dame vient aussi se protéger des agressions du moment. Elle a soulevé de terre son petit chien saucisse qui tremble, affolé par ces choses venues du ciel qui, il y a quelques secondes, lui tombaient sur le dos et sur le museau.

Cinq autres personnes nous rejoignent: nous sommes maintenant huit et demi, avec le teckel, à attendre que cette mauvaise blague prenne fin.

Soudainement, tout s’arrête. Plus de solos de «drum» qui marquent le tempo sur le toit de notre abri. Plus de super balles givrées qui rebondissent partout. Le ciel s’éclaircit comme si quelqu’un avait brusquement levé le rideau.

Il fait bleu et terriblement beau. C’est louche. Comme si nous étions passés du nord au sud sans transition.

C’est alors que je réalise que, pendant tout ce temps passé à attendre que cesse la tempête glacée, nous avions cohabité avec une publicité de «vacances au soleil» fixée entre les parois de plexiglas de l’abribus.

Je me dis alors que, avec ces changements si brusques de climat, cet hiver, la meilleure place où trouver le soleil et la chaleur ne sera peut-être pas en Floride, mais bien en Alaska.

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