Non, un terroriste taliban n’a pas créé un compte LinkedIn

La nouvelle a au moins le mérite d’offrir une bonne dose d’absurdité. Selon ce qui a été repris par bien des médias, un compte au nom de Ehsanullah Ehsan, un leader taliban notoire, a été répertorié sur le réseau social professionnel LinkedIn. L’homme, activement recherché par les services de renseignement américains, affichait même 69 «connections» sur sa page, depuis retirée.

Il listait le «jihad» dans ses compétences professionnelles, selon plusieurs médias. C’est bien dire.

Mais bon, aussi amusante soit-elle, la nouvelle n’en est en fait pas une, puisque les médias qui l’ont repris n’ont tout simplement pas lu l’article original au complet (ou ont décidé d’ignorer certaines informations, à la quête de clics). L’inspecteur viral est convaincu que bien des journalistes ne font que lire le titre d’un article avant d’entamer une réécriture.

Et, non, mettre un point d’interrogation dans son titre ne permet pas de répéter toutes les balivernes qu’on lit sur l’internet.

Dans l’article original, sur le site du London Telegraph, on peut en effet lire toutes les informations décrites plus haut.

Le hic, c’est qu’on peut aussi lire que LinkedIn a «un haut degré de confiance» que la page est en fait un canular. Une représentante du site a affirmé au Telegraph que l’adresse IP de la personne qui a créé le compte porte à croire que c’est une fausse page. «Nous ne pouvons pas déterminer avec certitude [qu’une autre personne que M. Ehsan ait créé le compte], mais notre équipe de sécurité a un haut degré de confiance que ce soit un faux compte», a-t-elle dit.

Le Telegraph a, bien sûr, relégué ces informations aux deux derniers paragraphes de son article.

Facile de créer une nouvelle quand on oublie ce dernier détail (majeur), n’est-ce pas?

En gros, la nouvelle, c’est que quelqu’un trouvait bien drôle de créer un compte LinkedIn pour un taliban. Drôle? Oui. D’intérêt public? Non.