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Le guide de la parfaite Lise

Photo: Mario Beauregard

Mes hommages. Après m’être imprégnée des sages recommandations des prêtresses Bombardier, Durocher et surtout, d’une certaine dame Ravary sur la manière de se comporter convenablement sur le velours d’un tapis rouge pour ne pas offenser les bonnes gens qui ne demandent qu’à être furieusement diverties, j’ai établi un heureux parallèle avec un ouvrage de la plus haute importance : Le petit guide de la parfaite ménagère, publié dans les années 1960, où on conseillait la femme au foyer sur les comportements adéquats à adopter pour satisfaire les menues exigences de son mari en tout temps. Et comme tout artiste est marié à son public et lui doit fidélité, coït et petits sandwichs aux flocons de jambon sur demande, il aurait tout avantage à respecter ledit guide, toujours désarmant de pertinence, même 50 ans plus tard.

Dans son puissant article intitulé «Safia Nolin, un look “p’tit Québec?”», Lise Ravary confiait entre autres, cette semaine : «Si je sors, même pour luncher avec une amie, je fais un effort. Par respect pour la personne qui va me consacrer quelques heures de sa vie. Et parce que c’est agréable de se sentir belle et femme, même quand on est féministe (!!)».

Le petit guide de la parfaite ménagère abondait aussi en ce formidable sens : «Lorsque votre mari rentre à la maison, retouchez votre maquillage, mettez un ruban dans vos cheveux et soyez fraîche et avenante. Sa dure journée a besoin d’être égayée et c’est un de vos devoirs de faire en sorte qu’elle le soit.»

Autrement dit, comme Lise Ravary passe des journées de crotte au bureau, c’est à toi, Safia Nolin, que revient la responsabilité de faire un effort et de t’astiquer le verbe et le penny loafer pour lui faire oublier l’envie pressante de se mettre la tête dans le four :

«Encore aujourd’hui, les féministes radicales s’habillent comme si la féminité était toxique pour les femmes […] Les artistes de ma génération prennent le temps de bien s’habiller pour aller à la rencontre de leurs fans. Jamais [Diane Dufresne] ne se serait présentée au Gala de l’ADISQ les cheveux gras et portant un pantalon trop petit.»

Le petit guide de la parfaite ménagère le stipulait aussi en toutes lettres : «L’hygiène féminine est d’une grande importance; assurez-vous d’être à votre meilleur avantage en allant vous coucher. Essayez d’avoir une apparence qui soit avenante sans être aguicheuse. Si vous devez vous appliquer de la crème pour le visage ou mettre des bigoudis, attendez le sommeil de votre époux, car cela pourrait le choquer de s’endormir sur un tel spectacle.»

Ça fait que les pantalons trop petits pis les cheveux «pas comme Lise aime», là, SCHNAILLE. Nos femmes rondes, on les aime dans des gros pantalons lousses ou mieux, cachées sous une immense djellabah de soirée avec des gros motifs de fleurs ou de cacatoès, parce que ça nous rassure sur notre condition de «pas-potelées» qui consomment leur cuillère de graines de chia chaque matin pour entretenir leurs petites cuisses galbées par des culottes de cuir qui ne font pas pleurer le petit Jésus.

La bise.

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