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Faire pipi sur le bonheur d'autrui

Mes hommages.

Il est passé vite, ce freluquet d’été, hum? HUM. C’est sans doute pourquoi je vous lis l’amertume et la titillette, de ce temps-là. Si si, la titillette: cet agacement certain pour à peu près tout. La brise. Les culottes courtes. Le craquant du blé d’Inde deux couleurs. Et le bonheur d’autrui. Oh! Les gens heureux sont certes agaçants. Ces gens qui ont passé l’été sur le petit quai carré au centre du lac de leur chalet victorien, à manger ces charcuteries fines et s’abreuver de ces limonades exquises qu’EUX SEULS auront eu le privilège de transiter. C’est comme ça. À l’ère des réseaux sociaux (je bénis le jour où on n’emploiera plus cette expression, descendante bancale du damné «depuis la nuit des temps» de mes compositions de secondaire 2), à l’ère des réseaux sociaux, donc, il est de ces périodes où la réceptivité au bonheur d’autrui est, comment vous écrirais-je bien ça, FRAGILE.

La rentrée scolaire. Hein! Que c’est irritant? Tous ces p’tits bouttes qui filent vers une nouvelle année de découvertes, d’apprentissages et de petites mains noircies par le recopiage acharné des lettres cursives. C’est que ça tape sur le poireau, tous ces projets de vie. Ces rires cristallins et cette fébrilité parentale.

Et ces jours-ci, cette fragilité ne s’exprime pas dans les portraits de quidams qui ondulent sur Despacito en one piece, mais bien à la vue, à l’évocation même, dis-je, de photos d’enfants équipés d’un sac à dos. Du petit Tommy voûté de sa besace Louis Garneau remplie de cahiers Canada et de sandwichs pas-de-croûte. De la belle Sophie, dans son beau kit neuf et ses petites oreilles de chat brillantes sur le crâne, toute timide devant les grandes portes de l’école qu’elle franchira pour la toute première fois. La rentrée scolaire. Hein! Que c’est irritant? Tous ces p’tits bouttes qui filent vers une nouvelle année de découvertes, d’apprentissages et de petites mains noircies par le recopiage acharné des lettres cursives. C’est que ça tape sur le poireau, tous ces projets de vie. Ces rires cristallins et cette fébrilité parentale.

Suzie, ton irritation me fascine. Depuis ce lundi, j’ai bien dû lire une dizaine de messages passifs-agressifs sur la surabondance de portraits de bambini en route vers la petite école. Oh, bien sûr, ça fait une petite affaire plus de photos d’enfants heureux sur ton fil de nouvelles pendant quelques jours. Une surabondance d’enfants heureux! T’en es rendue là (je m’adresse à Suzie, mais ça te concerne aussi, Jean-Claude); à t’emporter devant ce rite de passage – une étape sans intérêt pour toi, belle caille qui n’élèves pas de marmaille ou qui as mené les siens aux portes de la polyvalente il y a déjà mille lunes, à l’époque où Facebook n’était que bourgeon et où photographies n’étaient que fusains –, à te braquer devant ces parents émus et volubiles (tes amis, en fait. Tu sais, ces gens qui contribuent à la vigueur de ton statut d’influenceur. Ces gens que tu as acceptés dans ton clan et sélectionnés avec soin selon tes critères hautement stricts).

Petit poing brandi, tu as verbalisé ta colère en un statut hautement crunchy. C’est fait; on t’a lue. À présent, mords dans un pneu balloune et infuse ton Salada. Le bonheur automnal fera vite place au grésil, aux vendeuses d’allumettes et aux mitaines trouées de novembre, ton champ lexical favori. D’ici là, bonne rentrée à tous!

La bise.

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