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L’amour est dans le pré … ou dans le passé?

L'Amour est dans le pré Photo: V Télé / capture d'écran

J’ai sondé le terrain un peu autour de moi avant la première de la nouvelle saison de l’Amour est dans le pré et c’est quand même assez consensuel : on aime cette mouture de télé-réalité qui met de l’avant l’amour et les sentiments sincères.

Les «vraies» affaires avec du «vrai» monde, tsé.

C’est noble et, disons-le, quand même rare en télé populaire qui préconise plutôt les apparences et la superficialité – comme Barmaids, pour ne pas la nommer.

Par contre, je ne sais pas trop pourquoi exactement, il y a quelque chose qui cloche pour moi quand je suis devant l’Amour est dans le pré. C’est une position impopulaire vu la grande cote d’amour envers cette émission, mais je ne suis pas vendu au concept, aussi noble soit-il.

C’est peut-être l’énorme emphase que l’on place sur le fait que l’émission a produit de nombreux couples et des bébés – beaucoup de bébés.

C’est peut-être aussi cette urgence des participants, voire un certain désespoir, de se caser pour accomplir le rêve de fonder une famille nombreuse et heureuse.

On parle d’amour, oui, mais surtout de famille, de natalité, de «mettre bas» pour emprunter au langage agricole.

Je sais, je sais, c’est cru dit comme ça, mais ça m’agace. D’un autre côté, c’est difficile de se positionner contre cette proposition. On prône les bonnes valeurs; l’amour, la famille, le respect, etc. Mais, on sent les ficelles dernières. C’est fabriqué, forcé et pour moi ce n’est pas plus honnête qu’une poignée de jeunes gens qui simule l’amour pour gagner un condo neuf.

Pourquoi? Parce que le rêve de la famille à la ferme, unie pour la vie, est le même qu’on nous poussait quand le Québec allait encore à la messe. Faites des enfants, beaucoup d’enfants, faites ce que doit et vous gagnerez votre ciel.

Ici, on «gagne» l’amour, d’une certaine façon, mais j’ai un petit malaise avec le modèle vieillot, hétéronormatif et très idéalisé de la vie à la ferme. Je comprends que c’est ça le concept et que l’idée n’est pas de trouver l’amour dans un bar du centre-ville de Montréal, mais, j’aime pas l’idée qu’on pourrait remplacer Marie-Ève Janvier par un curé et on y verrait à peine la différence.

Et je vous épargne ma critique sur les montages racoleurs pour nous présenter les candidats et la musique.

En fait, ce qui m’agace surtout de l’Amour est dans le pré, c’est que c’est une télé-réalité qui existe dans une bulle qui appartient à notre passé imagé. Le Québec colonial, les familles de dix enfants et les dimanches rigodon à l’église du village pour se réunir, s’aimer et potiner proprement.

Pas surprenant, dans cette optique, qu’on recycle encore et toujours les Belles histoires des pays d’en haut.

Ceci dit, si vous avez apprécié l’Amour est dans le pré, vous allez être rassasié par cette édition à en croire mes réseaux sociaux qui n’ont que des éloges pour les participants.

Remarque, de la télé positive, ça fait du bien. J’aimerais juste ça que le positif coule de source au lieu de le fabriquer de façon aussi artificielle – comme les meubles rustiques qui se vendent des milliers de dollars pour imiter le look «vieille souche abandonnée dehors».

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