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En audition avec Simon: Le web a changé depuis 2010

En audition avec Simon Photo: ICI Tou.tv

C’est avec l’aide d’une rampe de lancement exceptionnelle à Tout le monde en parle que Simon-Olivier Fecteau dévoilait les premières images du retour de sa populaire websérie En audition avec Simon, disponible dès mardi sur ICI Tou.tv.

Passons par-dessus le fait que toutes les séries web n’ont pas la même chance de briller sur un aussi gros plateau, c’est quand même une évolution intéressante que celle de Fecteau qui, à l’époque des premiers épisodes d’En audition avec Simon en 2010, la première série originale de Tou.tv, n’avait pas deux Bye Bye derrière la cravate en plus d’une série de quelques saisons à V. C’était, à l’époque, un jeune réalisateur baveux et intrigant, expatrié des Chic’n Swell et représentant la nouvelle garde de nos médias.

Huit ans, c’est une éternité quand on y pense.

Avec une facture plus consensuelle, moins à rebrousse-poil, Fecteau nous présente ce retour et, de son propre aveu, l’humour a changé depuis le temps. C’est aussi là que ça devient problématique quand on retourne aux sources sur le web après avoir piloté le Bye Bye pour plus de quatre millions de téléspectateurs.

Sans dire que les deux premiers épisodes de la nouvelle saison d’En audition avec Simon ne sont pas intéressants, ils n’ont certainement pas le même mordant qu’avant. C’est facile comme critique de venir dire que c’était mieux avant quand c’était «moins connu», mais il y a un fond de vérité même dans la facilité. Fecteau n’est plus le créateur chevronné qu’il a déjà été et, sans rien lui enlever, on cherche la pertinence ici de ressortir ce concept qui a drôlement vieilli en huit ans parce que le web, lui, progresse à une vitesse que la télévision et les médias traditionnels ont de la difficulté à suivre.

C’est étrange aussi de le voir admettre qu’il ne peut plus faire les mêmes blagues qu’avant à la télé tout en disant, dans le même souffle, qu’on peut rire de tout. Un brin contradictoire comme message, même si on apprécie cette lucidité de la part d’un créateur de contenu qui a conscience que le tapis peut rapidement lui glisser sous les pieds. Ceci dit, c’est à se demander si ce n’est pas justement cette peur de tout perdre plus qu’une conscience sociale qui motive cette analyse de l’humour, mais ça, c’est un autre débat à avoir.

Alors on se demande à qui s’adresse En audition avec Simon en 2018?

Ce n’est plus une carte de visite pour Simon-Olivier Fecteau, ni un cheval de bataille pour Radio-Canada qui tente de percer le web. C’est inutile aussi d’ouvrir le chemin pour d’autres séries sur le web qui, au contraire, tombent dans l’ombre derrière ce gros canon. En fait, le retour d’En audition avec Simon me donne plutôt l’impression d’une certaine panique chez Radio-Canada qui, pour mousser l’intérêt envers sa plate-forme web, se tourne encore une fois vers des vedettes pour faire du chiffre.

Quand ce n’est pas Véro.tv, c’est la brochette garnie de l’UDA sous l’œil critique du personnage de Simon-Olivier Fecteau.

Le contenu, dans cette optique, est un accessoire. Ce que le web rejette généralement en bloc parce que les créateurs qui connaissent du succès sur YouTube, par exemple, doivent carburer aux contenus qui parlent à leur auditoire s’ils souhaitent survivre dans cet écosystème sauvage.

La clé, ici, c’est de trouver son auditoire et En audition avec Simon, en visant tout le monde, risque de ne toucher personne sauf les amis et les initiés … comme c’était le cas sur le plateau de Tout le monde en parle dimanche.

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