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Troller les trolls: un exercice nécessaire

Troller les trolls
Troller les trolls Photo: Télé-Québec

Mercredi soir, Télé-Québec présentait le documentaire d’Hugo Latulippe et Pénélope McQuade sur l’omniprésence des intimidateurs sur les réseaux sociaux: Troller les trolls.

Le titre, très explicite, souligne la démarche entreprise par McQuade de confronter et d’entendre ses détracteurs qui, derrière la confortable distance offerte par un écran, se permettent des commentaires désobligeants, blessants ou carrément haineux et dangereux. Cette heure de télé n’est pas un constat surprenant pour les habitués de ces plateformes, mais elle pourrait dresser un portrait alarmant pour les gens moins familiers avec les sombres côtés de la «libarté d’expression».

Ce projet, mené de front par McQuade, est aussi une belle occasion d’offrir une voix à ceux qui n’hésitent pas à cannibaliser les tribunes. Ainsi, sur un pied d’égalité, on discute avec des personnalités publiques, hommes et femmes, ainsi que des polémistes virtuels qui ne font pas dans la dentelle avec des commentaires souvent carrément répréhensibles.

Je dois l’avouer, cette approche me laissait craindre une sorte de dîner de cons de la part de l’équipe derrière le film. Sauf que rapidement, l’humanité de Pénélope McQuade transcende les apparences et un réel désir de dialogue s’invite dans la production, quelque chose de très rare à un moment de notre civilisation où chacun hurle ses convictions de son pôle en forme de chambre d’écho.

En laissant la parole aux «trolls», McQuade ne se place pas au-dessus de leurs façons de faire, ce qui sert son propos. Elle souhaite dénoncer les pratiques barbares en humanisant les mots à l’écran et les cartes se brouillent vite. Par exemple, une femme immigrante peut, par maladresse peut-être, tenir des propos insultants sur les immigrants. C’est des nuances que l’on ne présente plus lors des débats parce que, comme en témoigne la dernière campagne électorale provinciale, suffit de prêcher pour sa paroisse afin que notre message résonne haut et fort.

Mon seul bémol après mon visionnement est l’invitation lancée à Richard Martineau et à Sophie Durocher. Attention toutefois, je ne veux pas insinuer qu’ils n’ont pas un droit de parole dans cette discussion, bien au contraire. Martineau et Durocher doivent recevoir un lot impressionnant de propos haineux au quotidien et ils sont forcément affectés autant que d’autres personnalités publiques. Mon malaise réside plutôt dans le fait que les deux font leur pain et leur beurre sur le dos d’une certaine forme d’intolérance et ils lancent volontairement des bûches dans le feu sur leurs différentes tribunes. Ne pas les confronter sur cette dichotomie n’était pas un choix judicieux parce que oui, ils sont des victimes, mais ils sont aussi une certaine source de cette polarisation des idées.

Sinon, c’est un documentaire à voir qui vous fera longuement réfléchir sur la portée de nos propos et les limites de la fameuse liberté d’expression. Parce que oui, le droit de tout dire existe, mais ce n’est pas un droit exempt de répercussions, contrairement à ce que voudraient bien croire les Robert Lepage de ce monde qui se plaisent à crier à la censure quand on leur enlève une sucette des mains.

Vous pouvez visionner le tout sur le site de Télé-Québec.

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