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Le purgatoire de notre télé

Photo: Getty Images/iStockphoto

Commençons par une question : est-ce que la météo plus clémente de la saison estivale réduit systématiquement votre consommation télévisuelle?

Si votre réponse est  «non», ou encore «pas avant les vacances», eh bien, vous n’êtes pas pris en considération par l’offre télévisuelle de nos chaînes généralistes.

Après avoir étudié la grille horaire de trois chaînes (TVA, ICI Radio-Canada Télé et V), on comprend rapidement qu’il n’y a aucune production de fiction originale. Pas une seule. On nous offre beaucoup de variétés, des rediffusions et des séries américaines doublées.

Si votre routine du lundi au vendredi demeure la même avant et après les vacances, ne comptez pas sur nos diffuseurs pour vous offrir du contenu rafraîchissant – sauf si vous vous tournez vers les chaînes spécialisées et les stations américaines.

Parce que, oui, il y a des productions originales proposées l’été, sauf qu’elles ne proviennent pas d’ici, à l’exception de quelques petits projets de niche comme Code F, à Vrak, par exemple.

Pourquoi est-ce que nos diffuseurs abandonnent-ils l’été sur les ondes? Ils injectent un peu d’argent en soirée, avec Pénélope et Sucré salé, notamment, mais pour le reste, on recycle.

Chez TVA, Caméra Café (mardi) et Tranches de vie (mercredi) sont en ondes même si ces séries sont bouclées depuis 2012 et 2010 respectivement. Chez V, on ne se complique pas la vie, et c’est l’utilisation des séries doublées tous les soirs. Radio-Canada mélange les deux.

Ce n’est pas le talent qui manque pourtant chez nos jeunes créateurs – du talent qui, sacrilège, oserait même travailler l’été. Pourquoi ne pas leur offrir une chance? Une petite série de 8 ou 10 épisodes par réseau pour commencer, avec des créateurs de la relève. Un truc comme Mon ex à moi sur Série+, pourquoi pas le faire l’été à TVA un soir de semaine au lieu d’une rediffusion vieille de cinq ans? Les webtélés sur ICI Tou.tv, ne pourrait-on pas en bonifier une pour en faire une courte série, par exemple?

Je me pose ces questions et les réponses me semblent évidentes; mais les diffuseurs font la sourde oreille. On cite le manque de commanditaires, les vacances, les maigres cotes d’écoute réduites, etc.

Je soupçonne plutôt un manque de volonté. Un abandon qui a eu lieu il y a belle lurette et sur lequel on n’ose pas trop revenir, parce que plus simple, parce que moins dispendieux. Pourtant les Américains le font, Netflix le fait, les Français le font – mais pas nous. Se divertir dans son salon l’été au Québec, c’est un passage obligé par la nostalgie et les entrevues en chemises fleuries sur une terrasse du centre-ville de Montréal.

Pardonnez-moi de trouver le tout très navrant, surtout quand une poignée de jeunes créateurs n’espère qu’une toute petite chance pour se démarquer. L’été serait un terrain de jeu parfait pour cette relève.

Diffuseurs, il n’y a pas que François Avard qui sait écrire pour la télé au Québec. Faites place à la relève, sortez l’été de son purgatoire et offrez-nous du divertissement original, même si le soleil se couche tard. Je vous promets que la petite famille qui travaille et envoie ses enfants au camp de jour apprécierait beaucoup cette délicatesse. Elle pourrait ainsi se relaxer en soirée sans devoir éplucher le catalogue des activités de sa municipalité.

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