Soutenez

C’est un CV, pas un roman

Photo: Métro

J’ai reçu un CV de 3 pages d’un candidat qui a 10 ans d’expérience. Il a travaillé six ans pour un grand cabinet comptable et quatre pour une multinationale. En revanche, je sais aussi qu’il a travaillé comme commis pour une station-service Shell à l’âge de 16 ans, qu’il a été sauveteur pour une piscine municipale, qu’il aime faire des maquettes de bateaux et que le bleu le détend… Quoi? Ça veut-tu dire qu’il veut son futur bureau peint couleur ciel pour se sentir en vacances? Un parasol avec ça?

Qu’un jeune étudiant cherchant un stage indique qu’il a travaillé pour McDonald’s pendant l’été 2012 et fait de la reliure pour la bibliothèque de son quartier, c’est normal. «Bac en administration» ne prenant qu’une ligne, il faut bien qu’il trouve matière à étoffer la page. Il souhaite aussi montrer qu’il est travaillant. En revanche, si vous avez plus de cinq ans d’expérience pertinente dans votre domaine, votre problème n’est plus de meubler votre CV, mais de l’al­léger. Trop d’information tue l’information. Éliminez les futi­lités afin de ne pas noyer l’essentiel.

Chaque compétence ne doit prendre qu’une ligne. Présentez-les point par point plutôt que d’adopter un style littéraire sophistiqué. C’est un CV, pas un roman. Écrivez «Mise en place des procédures comptables» plutôt que «Dans l’exercice de mes fonctions, mon superviseur m’a confié la tâche de mettre en place les procédures comptables de l’entreprise».

À moins que votre passion soit l’escalade et que vous ayez gravi l’Everest en moins d’une heure, épargnez-nous l’étape des loisirs. Surtout s’ils sont aussi banals que «lecture et vélo». On dirait que vous voulez nous prouver que papa a enfin retiré les roulettes de sécurité de votre trottinette. Pour ce qui est de la lecture, si vous savez rédiger votre CV, j’en déduis forcément que vous savez lire. Bravo, je n’en étais pas sûr…

Enfin, je sais que vous êtes fier de votre bac en histoire de l’art, mais si vous êtes ingénieur… je m’en fous! Tout ce que ça démontre, c’est que vous vous êtes trompé de vocation en début d’études et que ça vous a pris trois ans pour réaliser que vous êtes cartésien plutôt que philosophe.

Un recruteur peut consulter une centaine de CV par jour. Si l’information qu’il cherche ne lui saute pas aux yeux, il court un risque de la rater. Lui manque un candidat qualifié, et vous… une belle occasion!

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.