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Mon (léger) problème de voyeurisme immobilier

Photo: Archives

Joli bungalow entièrement rénové dans un quartier paisible, cuisine moderne avec îlot central, piscine et terrain intime avec haies matures. Une visite vous convaincra!

Je clique. Impossible de me retenir. Je parcours l’annonce, les photos surtout, et je fais mon analyse. «C’est ça qu’ils appellent une cuisine moderne? Hé boy! En tout cas clairement pas avec ces meubles-là! La chambre des maîtres est vraiment grande par exemple… euh WOW, le walk-in est malade! Et la cour est bien entretenue… mais il faut refaire la salle de bain.»

C’est comme ça à chaque fois. Je ne suis pas du tout à la recherche d’une maison, ni d’un condo, ni d’un appartement, mais je ne peux pas m’empêcher de regarder chacune des annonces que je vois passer sur mon fil d’actualité. Je souffre de voyeurisme immobilier. C’est un vrai terme et une tendance qui prend de l’ampleur, sûrement un peu à cause de Décore ta vie, Vendre ou rénover et l’entièreté de la grille-horaire de HGTV.

Ma fascination des maisons ne s’arrête pas aux annonces sur lesquelles je tombe par hasard. Si je passe devant une pancarte à vendre dans la rue et que la maison a un extérieur minimalement intrigant – que ce soit beau ou laid – il y a de fortes chances que je cherche des photos de l’intérieur en arrivant chez moi. Je tâche de me souvenir de la compagnie immobilière, puis je scrute son site web selon l’emplacement géographique pour trouver la fiche de la propriété. Vous me direz que je suis un peu folle et que j’ai beaucoup de temps à perdre… je répondrai oui au moins à la première de ces deux affirmations.

J’assouvis aussi mes pulsions de voyeurisme immobilier en regardant par les fenêtres le soir. Ben quoi! Quand les rideaux sont ouverts, c’est tellement facile! J’habite dans un quartier de jumelés neufs qui se ressemblent tous et je me fais un plaisir de comparer aux miens les choix de matériaux, de luminaires, de peinture et de meubles de mes voisins.

Certains voyeurs comme moi vont même jusqu’à courir les portes ouvertes de maisons à vendre la fin de semaine juste pour épier les intérieurs, sans avoir la moindre intention d’acheter. Je vous rassure tout de suite, je ne suis pas rendue là, mais c’est une preuve que je ne suis pas la seule weirdo qui trippe sur les maisons!

Mais pourquoi on clique, pourquoi on critique, pourquoi on analyse des propriétés auxquelles on n’est pas réellement intéressé? Certains affirment qu’on ne serait pas vraiment bien dans notre foyer actuel et que c’est notre désir de changer qui nous pousserait au voyeurisme immobilier. Je ne pense pas que ce soit le cas. C’est un peu comme la porno: tous ceux qui en consomment ne sont pas automatiquement malheureux avec leur partenaire. Peut-être qu’en fait, en comparant notre chez-nous aux autres, on se conforte dans nos choix, on confirme qu’on ne voudrait pas vivre ailleurs que chez nous. Je ne sais pas, je n’ai pas la réponse. Mais j’ai un onglet DuProprio d’ouvert depuis tantôt qui me fait de l’œil et je ne pense pas pouvoir résister bien longtemps…

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