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Les anges en bobettes

NEW YORK, NEW YORK - NOVEMBER 08: Devon Windsor walks the runway during the 2018 Victoria's Secret Fashion Show at Pier 94 on November 08, 2018 in New York City. (Photo by Noam Galai/Getty Images) Photo: Getty Images

Pour être honnête, je n’ai pas de plaisir ou de satisfaction à regarder une poignée de femmes ailées à moitié nues se dandiner sous une pluie de confettis, alors j’ai toujours trouvé cet événement plutôt sans intérêt, mais cette année, le défilé Victoria’s Secret a capté mon attention.

La marque s’est (encore une fois) fait reprocher de ne laisser aucune place à la diversité et son directeur marketing a expliqué pourquoi il n’accepterait jamais que ses mannequins soient rondes ou transgenres: «Parce que le défilé est un fantasme.» Selon cet homme blanc septuagénaire, donc, personne ne fantasme sur des femmes avec des bourrelets ou des femmes qui ne sont pas nées dans un corps de femme. J’imagine que ce monsieur n’est pas sorti souvent de chez lui dans les 20 dernières années…

Il fallait s’y attendre, les réponses de la communauté trans et des mannequins taille plus ont été virulentes. Mais ce que je trouve fascinant, et ce à quoi Victoria’s Secret ne s’attendait sûrement pas, c’est qu’il n’y a pas que ces groupes-là qui ont réagi. Il y a aussi beaucoup de jeunes femmes minces, des femmes qui correspondent exactement au public cible de la compagnie et qui ont peut-être déjà acheté des petites culottes en dentelle et des soutien-gorges push up signés VS, à qui ça n’a vraiment pas plu. Si elles correspondent au «fantasme» du directeur marketing de Victoria’s Secret, elles veulent tout de même que les femmes qui ne leur ressemblent pas, mais qui ressemblent à leur mère, à leurs sœurs, à leurs collègues et à leurs meilleures amies pour qu’elles soient représentées et puissent se sentir elles aussi désirables.

Les temps ont changé. Les clientes potentielles de Victoria’s Secret sont minces, belles, jeunes… et ouvertes d’esprit. Quand elles choisissent une marque, elles n’achètent pas qu’un bout de tissu, elles achètent les valeurs qui viennent avec. Et en 2018, c’est simple, même les femmes minces ont compris que la diversité, c’est le fun pour tout le monde. Ça explique fort probablement pourquoi les ventes de Victoria’s Secret sont en déclin depuis quelques années, alors qu’une marque comme Aerie, qui met en valeur des corps de toutes les tailles et de toutes les couleurs, sans retouche, connaît une croissance fulgurante.

Dans les deux dernières semaines, sur les réseaux sociaux, j’ai épluché les sections de commentaires sous les articles concernant la controverse Victoria’s Secret. J’ai vu beaucoup de gens prôner la liberté d’une entreprise privée de choisir sa cible et son image. J’ai vu des gens écrire que «les toutounes pis les atypiques pas contentes ont juste à aller acheter leurs sous-vêtements ailleurs». Ces gens ont raison. Sauf qu’on a tous une amie, une collègue, une sœur ou une mère «toutoune ou atypique» et vous savez quoi? On l’aime. Et ceux qui la discriminent par rapport à son poids ou à sa différence, on ne les encourage pas. Le défilé des Anges est dépassé… et c’est tant pis pour Victoria’s Secret.

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