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Rhinocéros

Photo: Métro

Rhinocéros. Ce mot me revenait constamment à l’esprit… et me réconfortait.

Lors de mon dernier séjour à Toronto avec une de mes filles et son amie, j’ai décidé de leur offrir une visite au sommet de la tour du CN. Nous nous sommes rendus au niveau le plus élevé. La partie la plus effrayante était de marcher sur le plancher de verre.

Le plancher de verre est exactement ce qu’il annonce : un sol fait de verre à travers lequel l’on peut voir jusqu’au bas de la tour. Certains visiteurs étaient heureux de profiter de la vue. Mais de nombreux autres ne faisaient que s’en approcher, juste assez pour jeter un coup d’œil. Ils n’avaient nullement l’intention de mettre leur courage à l’épreuve.

Je ne pense pas avoir de phobie, mais l’altitude provoque toujours en moi un certain malaise. Je me trouvais à proximité du plancher de verre, et mon instinct livrait combat à ma logique. Nous avons longtemps évolué dans un monde où il n’existait pas de hauteurs «sécuritaires»; les branches d’arbre peuvent se casser, les falaises peuvent s’effondrer. Les humains ont une peur instinctive des hauteurs parce que cela les aide à rester en vie dans la nature.

Sauf que nous ne vivons plus en pleine nature. Grâce à l’ingénierie, nous avons créé des façons artificielles de rester en sécurité même lorsque nous nous trouvons bien au-dessus du niveau du sol. Les gratte-ciel sont pourvus de solides fenêtres, les voyages aériens sont ultrasécuritaires, les balcons sont munis de garde-fous et, bien sûr, le plancher de verre de la tour du CN est super solide!

Une pensée m’est alors venue à l’esprit : «Je suis certain que les ingénieurs se sont assurés que ce plancher est assez solide pour supporter un rhinocéros. Il faut qu’il soit sécuritaire. Je suis peut-être gros, mais je ne suis pas un rhinocéros. Allez, avance; il n’y a pas de quoi avoir peur!»

Ma logique me disait qu’il n’y avait aucun danger, mais mon instinct me soufflait toujours le contraire. C’est le dilemme qui nous retient dans bien des domaines de notre vie. Nous avons tendance à réagir à nos émotions même quand elles n’ont aucun sens. Mais céder à nos émotions lorsqu’elles sont irrationnelles ne fait que nous limiter. Quand nous reconnaissons que nos émotions ont trop d’emprise sur nous, la seule chose à faire est de laisser passer les vagues d’émotions et de faire ce que la logique nous dicte.

Ayant cette idée à l’esprit, j’ai pris une grande inspiration et je me suis rappelé qu’il n’y avait pas de réel danger. J’ai eu une dernière pensée pour le rhinocéros imaginaire qui se tenait sur le plancher de verre, et j’ai avancé d’un pas.

Compte final : logique, 1, peur irrationnelle, 0. Le rhinocéros a été nommé première étoile de la partie!

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