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Escalade vers l’inévitable en Ukraine?

Photo: Brendan Hoffman/Getty Images

L’Ukraine est-elle vraiment au bord de la guerre civile? Léonid Kravtchouk, son premier président (1991-1994), le croit.

Certes, une partie de Kiev, la capitale, est à feu et à sang, mais faut-il pour autant voir dans la guerre d’usure entre le pouvoir et ses opposants une escalade vers l’inévitable?

Si cela devait arriver, l’Europe aurait une nouvelle fois une poudrière en son sein. L’éclatement de la Yougoslavie (1991-1999) est encore frais dans les mémoires. La situation est tragique, mais il ne faut surtout pas dramatiser.

Impossible en effet de prédire quoi que ce soit «tant les événements évoluent vite», avertit Rabkin Yakov, professeur d’histoire à l’Université de Montréal et spécialiste de l’Europe de l’Est.

La semaine dernière encore, le premier ministre, Mykola Azarov, démissionnait et le président, Viktor Ianoukovitch, se mettait en congé maladie. Maladie politique?
Chose certaine, pendant sa «convalescence», il n’y aura aucune trêve sur Maïdan, la place de l’indépendance, où sont érigées les barricades depuis décembre pour protester contre la décision de Kiev de tourner le dos à l’Union européenne (UE), afin de mieux se rapprocher de la Russie. Depuis son indépendance en 1991, le plus grand pays européen est en perpétuelle crise d’identité. Sa partie occidentale a les yeux rivés sur l’UE. L’Est, majoritairement russophone, ne voit que Moscou.

«Si je ne peux me prononcer sur les risques d’une guerre civile, on ne peut exclure une coupure de l’Ukraine en deux», rappelle le professeur Yakov.
Pour l’instant, il est difficile d’augurer une sortie de crise.

La place Maïdan est un camp retranché où, derrière les sacs de sable enneigés, se retrouvent pêle-mêle les opposants au régime (de plus en plus divisés), mais aussi des hooligans d’extrême droite russophones. Dans ce cocktail explosif, l’ex-boxeur Vitali Klitschko cherche à calmer le jeu. Les trêves entre les manifestants et les forces de l’ordre se font souvent grâce à lui.

À la tête du parti Udar («coup de poing» en ukrainien), le triple champion du monde des poids lourds livre son plus grand combat: en finir avec la corruption. L’Ukraine serait l’un des pays les plus corrompus après le Nigeria et le Pakistan. Tout cela attise les inégalités sociales dans ce pays de 46 millions d’habitants.
«L’écart grandissant entre les riches et les pauvres est le principal combustible du mécontentement actuel», précise Rabkin Yakov.

Grâce à ses poings, Vitali Klitschko, lui, est cinquante fois millionnaire. S’il est monté sur le ring politique, c’est pour mettre K.-O. Viktor Ianoukovitch qui vit dans une immense demeure avec, dit-on, une salle de bain en pierres précieuses. Mais le combat pour la présidentielle doit se tenir en 2015. C’est si loin.

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