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Rififi dans l’air au Brésil

Photo: Getty

Facture salée pour organiser le Mondial, déroute historique face à l’Allemagne: dans un pays où le futobal n’est jamais loin de la politique, la présidente brésilienne Dilma Rousseff est sur le qui-vive.

Après avoir dépensé onze milliards pour recevoir la «planète foot», encaissé l’humiliante défaite du 8 juillet au stade Mineirão de Belo Horizonte et même perdu le prix de consolation à la «petite finale» samedi contre les Pays-Bas, le géant sud-américain doit à présent faire face au même tir de barrage: services publics désastreux, corruption endémique, croissance moribonde et surtout inégalités scandaleuses dans un pays si riche.

Les manifestations contre tous ces maux n’ont jamais vraiment cessé pendant le Mondial, auquel s’opposaient 61 % des Brésiliens. La grogne populaire va reprendre de plus belle.

«La réélection de Dilma Rousseff est sérieusement hypothéquée!» lance sans ambages Edgar Bellow, politologue brésilien et professeur associé à la NEOMA Business School de Reims, en France.

Il est peut-être trop tôt pour mesurer l’impact du «massacre» de mardi sur la campagne présidentielle qui commence ce lundi pour le scrutin du 5 octobre. Mais…

«Tout ça pour ça?» peut-on lire sur les réseaux sociaux brésiliens. «Ils démontrent que lorsque le pays sortira lentement du cauchemar qu’il vit actuellement, le peuple brésilien demandera des comptes», précise Edgar Bellow dans un échange de courriels.

Dans un pays fou du ballon rond, les années d’élections présidentielles correspondent avec la tenue du Mondial.

Fernando Henrique Cardoso a déjà soutenu que la victoire du Brésil au Mondial de 1994 avait contribué à son élection à la présidence la même année. Il nomma même Pelé, qui permit au Brésil de décrocher sa première Coupe du monde en 1958, ministre des Sports.

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Le principal rival de Rousseff, Aécio Neves, espère, lui, que la défaite à Belo Horizonte, sa ville natale, contribuera à le faire entrer au Palácio da Alvorada (palais de l’aurore), la résidence présidentielle à Brasilia.

En attendant, Edgar Bellow prévoit «du rififi dans l’air dans les jours et semaines à venir».

Pour lui, «l’économie brésilienne est aussi en grand danger, car elle ne pourra se remettre de cette défaite humiliante. Du petit vendeur ambulant à la grande distribution, la déprime va s’installer lentement (…)»

Dans un pays où le football a des racines plus anciennes que la démocratie, Dilma Rousseff s’est bien sûr déclarée «très, très triste de la défaite» de mardi.

Dès le coup de sifflet final du Mondial dimanche, la présidente sortante, huée lors de la cérémonie d’ouverture à São Paulo, a lancé sa campagne. Elle promet «plus de changement pour plus d’avenir». Les Brésiliens pourraient bien opter pour la première partie du slogan.

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