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Obama, l’équilibriste entre Blancs et Noirs

Photo: Getty

Il y a encore un problème de peau aux États-Unis. Barack Obama n’a-t-il pas été pris pour un voiturier par un couple blanc alors qu’il se trouvait à l’entrée d’un grand hôtel? C’était, bien sûr, avant qu’il ne devienne président. Mais, au pays du melting pot, les préjugés raciaux sont tenaces.

Ainsi, l’«affaire Michael Brown» cristallise toujours les passions un mois après la mort du jeune Afro-Américain, abattu par un policier blanc de Ferguson, au Missouri, dans des circonstances nébuleuses.

Une enquête fédérale a été annoncée la semaine dernière. Pour une bonne partie de la communauté noire, la cause est entendue. La justice américaine fonctionne à deux vitesses. Presque tous les policiers blancs ayant tué des Noirs non armés s’en sont tirés à bon compte.

«Au-delà de Ferguson, je demande que le ministère de la Justice examine de tels incidents dans chaque État depuis ces 10, 20 dernières années et publie un rapport», souhaite Delores D. Jones-Brown, professeure afro-américaine au John Jay College de New York (échange de courriels).

Certes, au problème racial s’ajoute la question sociale. Un jeune Noir pauvre aura plus de chance d’être interpellé par la police que son «frère» issu de la classe moyenne.

Reste que 43% des 2,3 millions d’Américains incarcérés sont des Afro-Américains. Ils ne forment pourtant que 13% de la population totale qui, elle, ne devrait plus être majoritairement blanche dans une trentaine d’années.

Dans l’ensemble, le racisme institutionnel est bel et bien mort aux États-Unis, remplacé par des formes insidieuses de discrimination. Si ce n’est pas propre aux États-Unis, ce pays, c’est bien connu, aime faire rêver en donnant à ses nombreuses minorités l’illusion d’un progrès global, afin d’éviter toute critique. Ainsi, un Noir, un Hispanique ou un Asiatique seront inclus dans une production hollywoodienne pour mieux refléter l’«arc-en-ciel» américain.

Il existe un mot dans le vocabulaire anglo-saxon pour résumer cette manière de faire: tokenism. De la poudre aux yeux. Les Afro-Américains ne sont pas dupes. Un sur quatre seulement trouve que sa situation économico-sociale s’est améliorée depuis l’élection d’Obama.

Le premier locataire noir de la Maison-Blanche – au recensement de 2010, il a refusé de s’identifier comme métis – n’a jamais eu de black agenda. Il a toujours voulu être le «président de tous» et, surtout, ne pas adopter l’attitude stéréotypée de l’angry black man, de l’homme noir en colère.

Dans tous les cas, estime Delores D. Jones-Brown, «chaque fois que le président Obama tient un discours fort sur quelque chose qui est lié à la race, il est démoli par la droite […]»

Barack Obama joue depuis plus de cinq ans à l’équilibriste entre Blancs et Noirs dans une Amérique qui rêve tant d’être post-raciale.

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