Ainsi va la Russie…

Vladimir Putin. Mikhail Klimentyev / The Associated Press Photo: Mikhail Klimentyev/AP

Deux noms. Aucun lien. Boris Nemtsov a été rayé de la carte. Il était l’un des meilleurs ennemis de Vladimir Poutine, patronyme que rêve de porter Krasnokamsk, ville de 55 000 âmes de la «Russie profonde».

L’assassinat vendredi de Nemtsov a éclipsé la campagne de pétition pour débaptiser la petite ville de l’Oural fondée en 1929 et située à 1 300 km à l’est de Moscou, où a été criblé de balles l’ancien vice-premier ministre de Boris Eltsine. L’ex-président avait envisagé un temps d’en faire son dauphin avant de jeter son dévolu sur Poutine.

Pendant que ses opposants se livrent à un vibrant réquisitoire contre le «tsar du Kremlin», son étoile est toujours au firmament malgré une économie fragilisée par la chute brutale du pétrole et la dégringolade du rouble.

Plus de 80 % des Russes approuvent ses politiques. Sur tous les fronts. Même si leur pouvoir d’achat fond chaque jour un peu plus, ils n’oublient pas que le PIB de leur pays a été multiplié par 8 depuis 15 ans. Ils n’oublient surtout pas que c’est avec Poutine qu’ils ont retrouvé leur fierté nationale.

La Crimée a été annexée, les russophones d’Ukraine ont été «sauvés». Dans la plupart des grands dossiers internationaux, Poutine tient la dragée haute à l’Occident, et surtout aux États-Unis, qui veulent affaiblir le plus grand pays de la planète.

Pas étonnant donc de voir les habitants de Krasnokamsk faire des pieds et des mains pour rebaptiser leur ville. Se nommera-t-elle «Poutinesbourg» ou «Poutinegrad»?

Il faudra d’abord obtenir 3 541 signatures d’ici le 11 avril. L’optimisme est au rendez-vous. Après tout, Saint-Pétersbourg, où est né Poutine, s’est déjà appelée Leningrad, et Volgograd a longtemps été connue sous le nom de Stalingrad.

Le culte de la personnalité est sans doute de retour dans la «Russie profonde», mais en voulant disparaître de la carte, Krasnokamsk espère avant tout bénéficier des largesses de l’homme fort du Kremlin. Avoir de l’eau potable, par exemple, et des routes moins cabossées.

Pour l’heure, Poutine a d’autres chats à fouetter. Il doit convaincre ses adversaires, en Russie et surtout à l’étranger, qu’il fera tout pour prendre au collet les meurtriers de Nemtsov.

«Savoir si Poutine a donné l’ordre d’assassiner Boris Nemtsov n’est pas le véritable point. C’est sa dictature. Sa propagande perpétuelle sur les ennemis de l’État», a twitté Garry Kasparov, autre figure emblématique de l’opposition russe.

Dictateur pour une minorité, figure paternelle forte pour la majorité, Vladimir Vladimirovitch Poutine cristallise les passions.

Ainsi va la Russie…

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