Les républicains, à droite toute

John Boehner. Susan Walsh / The Associated Press Photo: Archives Métro

Il a versé quelques larmes durant le discours du pape François au Congrès, jeudi. Le lendemain, le président républicain de la Chambre des représentants, un catholique fervent, annonçait sa démission. Les «faucons» de son parti ne pleureront pas John Boehner.

Son départ, à la fin du mois d’octobre, scelle leur victoire et accentue la dérive droitière de leur parti au moment où la course à l’investiture républicaine pour la Maison-Blanche vire au concours d’insultes.

Aussitôt élu en janvier 2011, le «modéré» Boehner a bataillé ferme pour recentrer son parti en décalage avec l’évolution politique et démographique des États-Unis. Les Américains centristes forment la première force électorale d’un pays plus que jamais multiculturel.

Minoritaires chez les jeunes, les femmes (plus de 53% de l’électorat), les hispaniques et les diplômés, les républicains poursuivent leur grand bond en arrière amorcé il y a une vingtaine d’années.

Le Grand Old Party (GOP) tourne même le dos à l’héritage de Ronald Reagan. Figure de proue du conservatisme américain, le 40e occupant de la Maison-Blanche était avant tout un conciliateur. Il a forgé des compromis avec les démocrates sur le budget, accordé une amnistie à trois millions de clandestins et négocié maints accords avec l’«Empire du Mal» qu’était l’Union soviétique.

Mais il n’y avait pas alors de Fox News et de Tea Party. Quand un républicain n’est pas assez conservateur, la première chaîne d’information en continu et le mouvement populiste cherchent aussitôt à le remettre dans le droit chemin. «Pour son bien», bien sûr.

Cela a été le cas pour Boehner, qui souhaitait voir son parti élargir son électorat vers le centre et non pas flatter les pulsions les plus droitières de sa base, comme le fait Donald Trump, l’actuel favori pour reconquérir la Maison-Blanche.

Le milliardaire qui se voit déjà président n’est pas le seul à penser que les éclopés du «rêve américain» ne doivent s’en prendre qu’à eux-mêmes et que le réchauffement climatique est un canular…

Aucun des candidats républicains n’ose se présenter en se disant de centre droit. Ils sont dans la grande idéologie de la négation. Tous les malheurs des États-Unis ne peuvent venir que d’un seul homme: Barack Obama.

On est loin du temps où, en 1965, une bonne partie des républicains avaient voté pour le Medicare et le Medicaid (les assurances maladies des retraités et des pauvres).

Seule une cuisante défaite à la présidentielle du 8 novembre 2016 mettra fin à la surenchère droitière du parti d’Abraham Lincoln.

Pour l’heure, Boehner a fini par succomber au rouleau compresseur des ultras de son parti, qui lui reprochaient même d’avoir joué au golf avec Obama.

Le «speaker» affectionne non seulement ce sport, mais aussi les cravates aux couleurs vives. Celle qu’il portait jeudi pour accueillir le pape au Congrès était d’un vert plutôt criard. «C’est la couleur de l’espoir!» lui aurait dit diplomatiquement le souverain pontife. Il en faudra beaucoup aux républicains pour regagner la Maison-Blanche.

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