«In God we trust»

Les États-Unis, c’est bien connu, sont le «pays de Dieu», et élire un président athée relèvera encore longtemps du miracle. Un Noir à la Maison-Blanche, une femme ou un homosexuel, passe encore, mais un incroyant? Non.

Publiés la semaine dernière, les résultats de l’étude du Pew Research Center (PRC) sont édifiants. Même un candidat qui trompe son partenaire ou qui a fumé de la marijuana battrait quiconque refuse de croire en un être supérieur. Les athées américains (3,1 % contre 9 % au Canada) doivent se sentir bien seuls.

Dans l’actuelle course à la Maison-Blanche, le républicain Donald Trump et le démocrate Bernie Sanders ne sont pas considérés comme très religieux. Le premier a été catholique, puis presbytérien, et son troisième mariage s’est tenu dans une église épiscopalienne. Le second, un juif, est de loin le moins religieux des candidats, et sa rivale Hillary Clinton, une méthodiste, vient tout juste après.

Pour le républicain Ted Cruz, un baptiste, «tout président qui ne commence pas sa journée à genoux n’est pas digne d’être le commandant en chef de cette nation.»

Même s’il existe une vraie séparation de l’Église et de l’État, défendue par la Constitution et la Cour suprême, Dieu est partout aux États-Unis : lors de l’investiture présidentielle («So help me God»), sur le dollar («In God we trust») comme dans toutes les chambres d’hôtel où se trouve immanquablement une bible.

Sept États interdisent toujours aux non-croyants d’occuper des fonctions d’intérêt public, et sur les 535 membres du Congrès, un seul a déjà avoué être athée. Au pays du «One nation under God», la politique se pratique en affichant sa foi.

Rien n’a vraiment changé depuis que Dwight Eisenhower, le 34e président, rappelait ceci : «Notre forme de gouvernement n’a de sens que si elle se fonde sur une foi religieuse profonde.» George W. Bush aimait dire que son philosophe préféré était Jésus («car il a sauvé mon âme!») et se demandait si les athées pouvaient être considérés comme des citoyens.

Bien sûr, Barack Obama, un chrétien pratiquant, dans son discours inaugural de 2009, a déjà rappelé que les États-Unis étaient aussi une nation de «non-croyants», mais le paysage politique demeure fortement coloré de religiosité.

Dans la vie de tous les jours, être athée reste un tabou, un peu comme être homosexuel l’a longtemps été. Difficile d’être un «vrai» Américain sans croire en Dieu. Mais il y a de l’espoir.

Les athées et les agnostiques formeraient aujourd’hui 7 % de la population des États-Unis et «22,8 % de la population n’a aucune affiliation religieuse. Le nombre d’Américains qui voteraient pour un candidat athée est passé de 42 % à 51 % ces 10 dernières années», se réjouit dans un échange de courriels Roy Speckhardt, le directeur exécutif du Center for Freethought Equality de Washington.

Son organisme croit que la cause athée s’inscrit dans le mouvement pour les  droits civiques. Une bataille similaire à celle de l’émancipation des Noirs, des femmes et des homosexuels. Elle sera longue.

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