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Moi, je pense que

Montreal Canadiens' Brendan Gallagher celebrates his goal against the Tampa Bay Lightning with teammates Tomas Plekanec, left, and Alex Galchenyuk, right, during first period NHL hockey action Tuesday, February 9, 2016 in Montreal. THE CANADIAN PRESS/Paul Chiasson Photo: Paul Chiasson/THE CANADIAN PRESS

Je ne sais pas si c’est parce que c’est la saison morte dans la Ligne nationale de hockey, mais depuis quelques jours, les gens ont du temps à consacrer à des choses qui semblent peu importantes. Prenons ce faux débat entourant la possibilité qu’on soit entré dans l’ère postfactuelle et que ce serait don’ ben inquiétant. Hey ho! Canadien fonctionne dans un monde d’opinion depuis sa naissance et a remporté 24 fois la coupe Stanley. Ça ne doit pas être si pire. Bon, Canadien en arrache depuis quelques années, mais c’est de la faute à Réjean Houle, qui était un DG de bouette. Ça n’a rien à voir avec les faits, si vous voulez mon opinion.

Sérieusement, prenons le temps d’y penser deux secondes : il se trouve vraiment des gens pour souhaiter que Canadien évolue dans une ère factuelle? Après une défaite, vous aimeriez vraiment que Vincent Damphousse nous sorte une analyse objective de l’attaque à cinq qui ne marche pas à la manière de Manon Globensky, de Radio-Canada? Ou encore que Chantal Machabée nous fasse une analyse sociopolitique – comme le ferait la journaliste Chantal Hébert – des tensions qui règnent dans le vestiaire, le tout en s’appuyant sur des faits et des comparaisons avec ce qui se passe dans d’autres sports? Ark. Ce qu’on veut, c’est savoir ce que Damphousse pense de tout ça, avec ses tripes, et que Chantal Machabée continue de faire des selfies avec les joueurs entre les périodes, après ses entrevues avec eux.

Une question de feeling
Ce qui est le fun avec l’opinion, contrairement aux faits, c’est qu’ils donnent de l’espoir. Chacun peut penser ce qu’il veut, prendre pour l’équipe qu’il veut, indépendamment des faits et de quelle équipe a vraiment des chances de gagner la Stanley. C’est une question de feeling, comme le chantait Fabienne Thibeault.

Que ferait Ron Fournier à la barre de sa légendaire émission de radio Bonsoir les sportifs s’il fallait ne s’en tenir qu’aux faits? Chacune de ses phrases, ainsi que celles de ses auditeurs, commence par «Moi, je pense que… ». Pas par «Dans les faits… ». Vous savez d’ailleurs ce qui était fort intéressant en l’écoutant l’an dernier? C’était de suivre l’évolution de son opinion au fil de la saison : jusqu’en décembre, il jurait que Canadien allait gagner la Stanley et, à partir de janvier, qu’ils allaient finir en dernier. C’est ça, la vie. Une question de feeling.

Récemment, le candidat républicain Donald Trump a été accusé de parler en mal de ses adversaires, avec des opinions déplacées. Vous souvenez-vous de l’époque de Michel Bergeron et de Jacques Lemaire, à la barre des Nordiques et de Canadien? C’était ben pire! Et l’histoire retient que ç’a été une des plus belles rivalités de l’histoire du monde.

Vive les feelings! À mort les faits! Canadien en quatre. C’est mon opinion.

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