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Canadien, un club ben ordinaire

Montreal Canadiens general manager Marc Bergevin speaks to reporters during a news conference in Montreal, Sunday, January 7, 2018. THE CANADIAN PRESS/Graham Hughes Photo: Graham Hughes/La Presse canadienne

Cette semaine, j’ai décidé de prendre une pause dans ma recherche de solutions pour aider Marc Bergevin à aider Canadien. De toute manière, comme Marc le dit depuis longtemps, la solution est dans le vestiaire, à tout le moins au sein de l’équipe. Je me suis donc attardé à revirer cette phrase dans tous les sens afin d’en tirer toute la substantifique moelle philosophique. Et je pense que je tiens la recette afin d’apprécier l’édition actuelle de Canadien à sa juste valeur.

Évidemment, je ne vous apprendrai rien en écrivant que les amateurs, les journalistes sportifs ainsi que Martin McGuire trouvent que Canadien est un club ben ordinaire cette année. Et ce serait, de l’avis de tous, un maudit problème. La preuve en est qu’actuellement, Canadien s’enligne d’aplomb pour ne pas faire les séries.

Or, d’un point de vue philosophique, est-ce réellement un problème que Canadien soit ben ordinaire ? Ou, au contraire, diraient le philosophe autrichien Ludwig Wittgenstein et le philosophe américain Stanley Cavell, est-ce la société qui ne saurait plus voir l’extraordinaire qui se trouve dans l’ordinaire?

En relisant ces auteurs cette semaine, je me suis dit que notre réaction devant les déboires de Canadien était en effet typique d’une société qui ne fait qu’apprécier l’extraordinaire. Au Centre Bell, on n’en a que pour les buts de Canadien, alors que la vraie vie de l’amateur, c’est l’intervalle entre les buts. Et pour réussir sa vie, ainsi que pour trouver ça moins plate au Centre Bell, il faut savoir meubler l’intervalle de l’ordinaire, l’habiter, le transcender.

Vous me direz que, pour ça, y’a la bière, mais au Centre Bell, elle coûte cher. Et surtout, je vous parle ici d’affronter l’intervalle de l’ordinaire à jeun. Je sais que ce n’est pas facile de regarder un match Canadien-Boston en 2018 à jeun, surtout si on est un fan de Canadien, mais n’empêche que la philosophie nous a appris il y a longtemps que le bout de la marde, au fond, c’est de parvenir à faire un éloge de la platitude.

Et pour ça, Canadien a beaucoup à offrir à ses fans. Il suffit de penser à tous ces moments où Jeff Petry est sur la glace et qu’il crée un revirement parfait, passant la rondelle directement sur la palette de l’adversaire. Ou encore à Karl Alzner à la ligne bleue adverse, s’élançant pour un slapshot balloune qui peine à se rendre au gardien qui remercie le ciel, car il était hors position.

À l’image de la vie en général, les buts de Pacioretty sont, au fond, les moments extraordinaires qui nous font sortir de nos intervalles de belle platitude, intervalles meublés de pucks dompées dans le fond et de revirements ordinaires en zone neutre. Et rebelote, jusqu’au prochain garbage goal extraordinaire de Nicolas Deslauriers.

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