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Éric Gagné, le héros tant recherché

C’est fou, quand même. Au Québec, on ne veut pas que le monde réussisse.

De Céline Dion, on dit qu’elle s’est fait refaire le nez pis les dents. D’Éric Gagné, on dit qu’il s’est drogué pour en arriver à gagner le trophée Cy Young en 2003. De certains entrepreneurs de construction, on dit qu’ils ont fourré le système pour en arriver à leurs fins. Le succès de ces gens est ou a été pourtant bien réel.

Dans Game Over, l’histoire d’Éric Gagné, Gagné raconte d’ailleurs la culpabilité qui l’accable au quotidien, une culpabilité telle qu’il est incapable d’apprécier ce qu’il a accompli dans les lignes majeures de baseball, soit 84 sauvetages consécutifs sur trois saisons. C’est là un point important. Personne d’autre que lui n’a réussi ce qu’il a réussi, et ce sont les regards que posent les autres sur lui qui l’empêchent d’apprécier ce qu’eux n’ont pas réussi, mais que lui a réussi. Ça, c’est la définition de la jalousie.

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Un néolucide
Au Québec, c’est bien connu, nous ne travaillons pas assez et, conséquemment, nous ne sommes pas assez productifs. Ce discours, mené par l’ex-premier ministre du Québec Lucien Bouchard, se heurte à la conception gauchiste de la belle vie. Et si Éric Gagné avait réussi non seulement un exploit remarquable dans le monde du baseball, mais également celui de rassembler ces deux solitudes idéologiques du Québec?

Être le plus productif possible, avec le moins d’efforts possible? On a finalement trouvé notre héros pis on s’acharne à marcher dessus.

L’initiative personnelle n’a pas bonne réputation non plus au Québec. Or, Éric Gagné, bien qu’il se soit hissé au rang des meilleurs de sa catégorie, n’a pas inventé l’utilisation de la drogue dans le monde du sport. Il est devenu le meilleur, oui, grâce au génie d’autres personnes. Pour ceux que ça inquiète, y’a donc de quoi être fier de lui, mais pas tant que ça. Pire, 80 % des membres de son équipe faisaient la même chose, selon des statistiques qu’il a cumulées personnellement.

Les travers de notre société prennent du temps à faire leur chemin dans les couloirs de l’acceptabilité de l’opinion pas-pareille-à-celle-des-gens-qui-pensent-pareil. La preuve, encore cette semaine, on se demandait collectivement si c’était vraiment une bonne chose, l’avortement. Parallèlement, au Sportnographe, on pense que, dans quelques années, tous les sportifs seront drogués et acceptés comme tels.

Et si vous voulez notre avis, le sport sera d’ailleurs ben plus excitant de même.

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