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Suffisait de rien faire

Montreal Canadiens' Brendan Gallagher celebrates his goal against the Tampa Bay Lightning with teammates Tomas Plekanec, left, and Alex Galchenyuk, right, during first period NHL hockey action Tuesday, February 9, 2016 in Montreal. THE CANADIAN PRESS/Paul Chiasson Photo: Paul Chiasson/THE CANADIAN PRESS

Si les deux gardiens qui remplacent Carey Price ont eu un impact positif sur l’équipe en raison de leurs gros arrêts au cours des deux dernières semaines, force est d’admettre que leur passé d’universitaires, voire d’intellectuels, a aussi joué un rôle déterminant dans la sortie de crise des derniers jours.

Il faut savoir pour cela (merci Google) que Mike Condon a étudié à la prestigieuse université Princeton en science politique et que Ben Scrivens a étudié à la moins prestigieuse université Cornell, on ne sait malheureusement pas en quoi. Mais ce qui semble clair, c’est que ces deux gars-là savent lire.

Ainsi, ils ont aidé l’équipe de Marc Bergevin , de Tomas Plekanec jusqu’à Dale Weise, à s’inspirer d’un des plus grands de la littérature d’ici, Dany Laferrière, notamment par l’entremise de la lecture de son ouvrage L’art presque perdu de ne rien faire, que l’on a d’ailleurs vu traîner dans les casiers des deux gardiens lors des entrevues d’après-match, mardi.

C’est que, voyez-vous, l’ennui n’a plus la cote dans notre société, pas plus que le fait de ne rien faire. Imaginez d’ailleurs la scène : une pratique de Canadien, au complexe d’entraînement de Brossard, au cours de laquelle les joueurs ne feraient strictement rien, sinon, à la limite, du patinage libre en consultant leur téléphone intelligent, comme le font les quidams à la patinoire de mon quartier. Qu’arriverait-il? Les journalistes (sic) sportifs capoteraient leur vie.

Pourtant, il est bien connu que dans le fait de ne rien faire se trouvent parfois les jaillissements d’idées et de solutions les plus créatives. Qu’a d’ailleurs annoncé Marc Bergevin le jeudi 21 janvier en conférence de presse au Centre Bell, au plus fort de la crise? Qu’il ne ferait rien : aucun changement d’entraîneur d’ici la fin de la saison et pas de gros échanges non plus, puisqu’il aimait son groupe de joueurs qui perdaient à répétition. Puis, qu’a dit Michel Therrien à la suite de la troisième victoire de Canadien, mardi: «Nous n’avons rien changé à notre jeu, mais maintenant nous gagnons. C’est comme ça dans la Ligne nationale».

Sans compter que Ben Scrivens, à la suite de sa solide performance contre Tampa Bay, a mentionné qu’il jouait absolument de la même manière que lors de ses quatre premiers matchs avec Mont­réal qui s’étaient tous soldés par des défaites; bref, il n’a rien fait pour s’améliorer, seuls les bonds de la rondelle lui ont été davantage favorables au cours des trois dernières rencontres, a-t-il dit.

Pour revenir à Laferrière, il cite abondamment Héraclite (vous chercherez c’est qui sur Google, je me sens paresseux) dans son livre, notamment cette phrase: «L’homme qui dort construit l’univers.»

Imaginez ce que Dale Weise est en train de construire depuis des mois. Il doit être rendu à quatre nouveaux univers. Et ça, c’est beau. Laissons-le ne rien faire.

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