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L’accouchement

Quand mon premier enfant est né, il y a eu quelques complications durant l’accouchement. On a dû opter pour la césarienne après 24 heures de travail (ou plutôt de bénévolat, parce que la femme n’est pas vraiment payée pendant toutes ces heures, amiright ladies?). J’étais impliqué dans cette décision de manière très superficielle et ça m’allait très bien ainsi; tout le monde présent étant bien plus qualifié que moi en ces domaines.

Les chirurgiennes m’ont alors demandé d’enfiler un uniforme stérile. Elles m’ont expliqué qu’elles allaient installer la maman (c’est à dire la badigeonner d’iode jusqu’à ce qu’elle brille telle une roche à marée basse dans le soleil de juin, si je puis dire) en salle d’opération, puis qu’elles reviendraient me chercher pour que je puisse être là pour rassurer ma blonde.

N’écoutant que mon respect pour le travail de Louis Pasteur, je mets les vêtements stériles, je me retiens d’aller faire semblant d’être un chirurgien dans la salle d’attente (t’sais avec tout ce nouveau sex-appeal conféré par l’uniforme?), et je me plante face aux portes fermées du bloc opératoire, en attendant qu’on vienne me chercher.

Le temps passe. Cinq minutes. Dix minutes. Quinze minutes. Personne ne vient! C’est probablement la fois où j’ai eu le plus peur dans toute ma vie. Les minutes passaient, interminables et souffrantes, pendant qu’un jeune concierge balayait le plancher du corridor en sifflotant, imperméable au tumulte qui m’habitait.

Que se passait-il dans cette salle d’opération?!? J’étais persuadé que les médecins allaient venir me chercher pour me poser la pire question de l’histoire de l’humanité : qui doit-on sauver, la mère ou l’enfant? J’étais en train de faire une liste de pour et de contre de ces deux options horribles. Bref, j’étais en train de capoter.

Finalement, au bout des 30 plus longues minutes de ma vie, une infirmière est venue me dire que tout était correct et qu’ils avaient dû procéder à une anesthésie générale parce que la locale ne fonctionnait pas. Cela expliquait pourquoi ils n’étaient pas venus me chercher. Parce qu’en effet, un père ne sert pas à grand-chose dans une salle d’opération si la mère est inconsciente; il peut même être carrément un boulet.

Mais que d’émotions! Les nerfs en boule, le cœur qui battait la chamade, les yeux écarquillés par l’adrénaline, j’ai tenté de reprendre mon souffle. J’te jure, quand ils sont venus me porter mon petit Johnny, tout emmitouflé dans une couverture orange, j’étais tellement soulagé et ému que j’ai même mis l’excellente série que je regardais sur Netflix sur pause pour le prendre dans mes bras.

C’est dire mon excitation, pareil, han?

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