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La langue de la paix

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Hier soir, j’étais chez des amis et un des gars s’est approché de moi et m’a dit:

«Heille Antoine, t’aimes ça les histoires toi, non? Ben j’en ai une à te conter.

L’autre soir, je sortais des bars, vers genre 2h du matin et je marchais sur St-Laurent en allant vers le nord. Rendu à St-Joseph, je vois un char qui est arrêté en plein milieu de l’intersection, tout croche. Deux gars en sont descendus et s’engueulent avec un troisième dude. Tout ce beau monde est complètement saoul, ça titube, ça bégaie et ça se menace comme des épais en plein milieu du boulevard. Les autres autos qui passent par là sont obligées de klaxonner et de contourner le troupeau de tatas, ce qui ne fait rien pour les calmer.

Parmi les témoins qui assistent à la scène, on se dit que les flics sont sur le point d’arriver, qu’ils vont venir embarquer tout ça. Mais non: de longues minutes passent et toujours pas de policiers. La situation s’envenime, ça se pousse et ça tente de se cogner. Arrive un quatrième bozzo dans son auto blanche, l’ami du gars qui était tout seul. Les forces sont maintenant égales, deux contre deux. Une vraie bataille éclate. Ben quand je dis vraie, je veux dire dégueulasse, pathétique et inutile. Anyway, le gars à l’auto blanche sort un couteau. Pis là, je me dis ‘calvaire, va falloir que j’intervienne’. Tu sais que je fais du kung-fu depuis 10 ans? Ouain, je m’entraine trois fois par semaine. Faique, t’sé, j’ai comme la responsabilité d’intervenir. Un peu comme Steven Seagal, même si lui c’est de l’aïkido. Ma décision est prise: je vais faire quelque chose pour arrêter cette démonstration d’imbécillité.

Le problème, c’est que moi aussi, j’suis complètement bourré. Je marche encore droit, mais je ris pour rien et je ne sens plus le frette. Donc, je m’approche du gars avec le couteau parce que c’est lui le plus dangereux. Il me fait dos. Il menace les deux autres avec son couteau en criant qu’il va les saigner. Je me glisse derrière lui et je lui lèche le cou.»

Là, j’ai été obligé de l’interrompre:
— Tu lui quoi?
— Je lui lèche le cou.
— Ok, j’avais bien compris. Et il a réagi comment?

«Disons, que ça a créé un frette. Il a lâché son couteau et s’est retourné vers moi:
— Dude, tu viens-tu de me lécher le cou?
— Ouep.
— Mais t’es ben dégueulasse!
— Vous aussi. La violence, c’est pas beau.
— Avez-vous vu ça les gars, c’esti-là vient de me lécher le cou!
— Ark!
— Ouach!
— Dégueu!
— T’es pas ben dans ‘tête, man.

«Faique, les quatre gars se sont comme demandés ce qu’ils faisaient là. Puis, y’en a deux qui sont partis dans l’auto blanche et les deux autres se sont dispersés dans la ville endormie. Et moi, j’suis resté en plein milieu de la rue pendant cinq minutes, plié de rire. Je pense en parler avec mon prof de kung-fu. On pourrait appeler ça ‘La prise du lézard visqueux’ ou de quoi de même, non?»

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