IKEA : des vis et des vices

Coupables.

Nous avons déjà acheté une table suédoise «Grettel» et pris des heures pour monter une chaise «Olabsën». En fait, IKEA est entré dans notre culture populaire. Des blagues de vis manquantes et des gags d’instructions en suédois qui sont impossibles à déchiffrer et qui nous mettent en «tabarnakën» ont été requises par les humoristes des années 1980 à aujourd’hui.

Voilà qu’IKEA prête sérieusement le flanc à la critique… Pour ceux qui ne le savent pas, IKEA vient d’avouer que, dans les années 1980, certains de ses meubles étaient construits par des prisonniers politiques en Allemagne de l’Est.

AYOYËN.

Amateurs de cuisine en mélamine en 1987? Hop, on achète l’ensemble de chaises et table «Monotonën». Sans le savoir, vos parents encourageaient l’Allemagne communiste et la Stasi, cette police politique hors de l’ordinaire, autant par sa répression brutale que par son génie à former des informateurs qui allaient jusqu’à dénoncer des membres de leur propre famille.

Tout ça peut sembler un peu gros, voire drôle. Par contre, après avoir vu des images de ces prisons et de ces camps de travail construits pour briser ceux qui étaient contre la politique de la moitié de l’Allemagne avant la chute du mur de Berlin, y’a pas de quoi «rigolën». Disons que l’affaire fait grand bruit en Europe, certainement à cause de la proximité, et devrait faire de même en Amérique dans les prochains jours.

Certains diront qu’ils ont déjà eu la sensation d’être en prison en tentant d’assembler une armoire de cuisine pendant six heures un dimanche après-midi. Ha ha ha. OK, c’est quand même un peu comique; mais pas vraiment pour un ex-prisonnier politique, Allemand de l’Est à l’époque, qui a reconnu quelques années plus tard, des meubles qu’il avait montés. Après l’avoir vu dans un reportage de la BBC, disons que le côté ironique de tout ça semble de moins en moins intéressant.

Le groupe d’humour les Cyniques disait : «Le capitalisme est l’exploitation de l’homme par l’homme. Pis le communisme? C’est le contraire!»

Ce qui est le plus inquiétant, dans tout ça, c’est le fait que ce n’est que la pointe de l’iceberg, puisque des rumeurs courent sur d’autres compagnies qui auraient fait la même chose à l’époque…

Cela dit, est-ce une raison pour vous priver du rack à épices «Jorgën-Badden»? À vous d’en juger. Mais ce serait pour le moins radical. Un peu comme enfermer des gens pour leurs idées… Et… utiliser ces mêmes personnes pour faire du profit, alors qu’ils sont en prison parce qu’ils sont contre un régime qui est contre… le profit!À n’y rien comprendrën!

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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