Les mesures de guerre pour les nuls ou tenir son bout

Les gens dits «sérieux» font maintenant des blagues déplacées sur des sujets critiques (ce qui est inscrit sur nos cartes professionnelles). Inversons donc les rôles.
La semaine dernière, il y a eu près de 600 arrestations. Durant la crise d’Octobre 1970, où la Loi sur les mesures de guerre (maintenant Loi sur les mesures d’urgence) avait été décrétée, il n’y en avait eu «que» 457.

Le parallèle s’impose… Comment est-ce possible? Et surtout, effectuer plus d’arrestations peut-il vrament refroidir les ardeurs des manifestants, pacifiques ou non?

La loi permettait de procéder à des détentions préventives. Les policiers pouvaient donc arrêter une personne sans mandat, s’ils la soupçonnaient d’être membre du FLQ. Ils pouvaient aussi incarcérer tout suspect accusé d’avoir commis des actes illégaux, dont communiquer les déclarations du FLQ.

Ce n’est pas le cas aujourd’hui. L’état d’urgence, de juridiction fédérale, n’a pas été déclaré.

Alors, avant de vous raser la barbe dans une toilette de station-service comme Harrison Ford dans Le fugitif, informez-vous de vos droits.

En 2012, rien ne justifie le fait que les policiers ne respectent pas la Charte des droits et libertés. Selon une spécialiste du droit criminel bien connue que nous avons jointe hier, Me Véronique Robert, «il est fondamental que la personne arrêtée soit mise au courant des motifs exacts de son arrestation.» C’est un droit primordial. (Particulièrement lorsqu’on se fait arrêter dans les buissons du parc La Fontaine en compagnie de deux nains déguisés en Calinours. Rien à voir, expérience personnelle.)

La police est obligée de vous permettre de communiquer avec un avocat, de vous laisser garder le silence et de vous informer de vos droits. Il semblerait que ces derniers jours, on ait oublié beaucoup de gens à ce chapitre… En Outaouais, par exemple, des vidéos déchirantes apparues sur le web montrent des professeurs au bord des larmes dénonçant la situation lors d’arrestations massives, sans motif, selon certains.

Samedi, à l’occasion de la deuxième journée du Salon du Plan Nord, on a arrêté près de 90 personnes pour attroupements illégaux.

Le journaliste du Téléjournal de Radio-Canada, Louis-Philippe Ouimet, était d’ailleurs présent aux abords du Palais des congrès. Selon lui, «la deuxième journée n’avait rien à voir avec la première, où le climat était beaucoup plus tendu. La question qu’il faut se poser, c’est de savoir si les arrestations massives ont quelque chose à y voir.»
En résumé, les policiers sont à bout, les étudiants et le reste de la population sont à bout, mais on n’est jamais à l’abri de dérapages policiers.

N’en déplaise à certains politiciens plutôt nuls en matière de démocratie, il n’y a ni mesures de guerre ni mesures d’urgence en cours.

Tenons notre bout.

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