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Le Canada, ami indéfectible de l’Ukraine

De passage à Londres cette semaine, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, s’est empressé de réitérer la position favorable et sans équivoque du Canada à l’égard de l’Ukraine. Celui-ci a exigé une enquête indépendante sur la tragédie qui a fauché la vie des 298 passagers du vol MH17 de la compagnie aérienne Malaysia Airlines. Il menace d’imposer des sanctions supplémentaires à plusieurs individus, sociétés et oligarques russes. Bien que le Canada se garde d’accuser Vladimir Poutine d’avoir permis ce massacre, le ministre Baird le condamne d’avoir armé les dissidents prorusses et, de facto, de les soutenir dans leur rébellion. Il somme Poutine de réparer ces dégâts.

Cet appui en faveur de l’Ukraine s’inscrit dans une longue tradition canadienne. L’immigration ukrainienne a commencé au pays vers 1890. Agriculteurs émérites, ceux-ci choisissent l’Ouest canadien et ses grandes prairies comme terre d’adoption. Durant la Première Guerre mondiale, la loi canadienne sur les mesures de guerre leur fait vivre une période noire. La méfiance du gouvernement envers ceux qui possédaient la citoyenneté austro-hongroise a valu à 5 000 Ukrainiens d’être injustement internés.

Cette injustice fut publiquement reconnue par Paul Martin en 2005 et suivie d’une promesse de 2,5 M$ afin que le souvenir de cette triste période de l’histoire canadienne soit inscrite à tout jamais dans notre mémoire collective. Fait à noter, le gouvernement actuel, au pouvoir depuis 2006, n’a jamais versé l’argent, laissant un goût amer à la communauté qui s’était battue durant plusieurs années pour une reconnaissance publique. En 1991, le Canada fut un des premiers pays à reconnaître l’indépendance de l’Ukraine. En 2006, les parlementaires canadiens votaient un projet de loi reconnaissant la grande famine ukrainienne de1 932 comme un génocide fomenté par le régime stalinien.

En toute cohérence, notre cheminement fait du Canada un allié indéfectible de cette communauté de plus d’un million deux cent mille personnes partageant les mêmes valeurs démocratiques, de souche religieuse catholique, très impliquées dans toutes les sphères de notre société. Mais leur appui politique traditionnel va à gauche, soit pour le NPD ou pour les libéraux. Il n’est donc pas surprenant que les dernières sorties publiques du ministre Baird soient électoralement intéressantes pour la politique interne du gouvernement Harper.

On se rappelle qu’en 2008, Jason Kenney, nommé ministre de l’Immigration et du Multiculturalisme, avait comme objectif d’élaborer une stratégie pour s’attaquer au monopole du parti libéral sur les différentes communautés culturelles du pays. En 2011, la stratégie porte ses fruits, donnant aux conservateurs leur majorité. Il est donc logique de conclure que la politique extérieure du gouvernement appuyant l’Ukraine dès le tout début du conflit avec la Russie correspond à la position historique du Canada et à la stratégie politique du gouvernement conservateur. Surtout… en cette année électorale.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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