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Infraction au Machu Picchu

Photo: Lydiane St-Onge/Collaboration spéciale

Après 3 jours de marche intensive avec plus de 18 kilos sur le dos, mon amie et moi avons enfin réussi à atteindre une des sept merveilles du monde: le fameux Machu Picchu.

On en entend toujours parler comme d’un endroit extraordinaire et magique, mais c’est seulement lorsqu’on est sur place qu’on réalise toute l’ampleur de ce site inca. Une cité perchée au sommet d’une montagne, bâtie il y a des centaines d’années par des humains qui n’avaient aucun accès à de la machinerie ou aux technologies d’aujourd’hui. Je continue de m’interroger sur la façon dont ils sont arrivés à faire tout cela, quand pour me rendre en haut, seulement en transportant mon gros sac à dos, j’ai sué ma vie…

Considérant que ma page Facebook venait de franchir le cap des 50 000 abonnés, je voulais célébrer le tout. Quoi de mieux que le Machu Picchu pour marquer cet événement! J’ai donc escaladé un mur de pierre pour prendre une photo exceptionnelle du haut de cette construction avec une feuille blanche où il était écrit «50 000 fois merci!!!». Je vous avoue que, de prime abord, mon idée me semblait excellente, jusqu’à ce qu’un policier arrive en courant!

Je descends, et il me prend par le bras fermement en m’obligeant à le suivre avec mon amie jusqu’au bureau officiel, et en nous disant qu’il y aura des conséquences à tout cela et que j’ai transgressé d’importantes règles. Il n’a pas l’air content du tout et il est très sérieux. J’ai peur, je suis dans un autre pays, je ne m’exprime pas très bien en espagnol, je suis sur un site sacré de la plus haute importance et j’ai affaire à de vrais policiers…

J’ai l’impression de revenir dans le temps, lorsque j’avais fait de mauvais coups et que j’étais assise dans le bureau du directeur. Seulement, la différence est que je suis maintenant adulte, responsable de mes actes, capable de lire les règles et que les conséquences risquent d’être beaucoup plus graves. Je réfléchis à toute vitesse. Vais-je avoir une grosse amende, vais-je être bannie du pays et du Machu Picchu, vais-je avoir ma caméra confisquée, vais-je avoir une tâche sur mon passeport…?

Je remercie infiniment ce policier qui m’a pardonné et sensibilisée à la conservation des sites historiques et aux grands efforts qui sont faits pour que les générations à venir puissent continuer à y avoir accès.

Je me sens coupable et stupide de ne pas avoir réfléchi à mes actes avant de grimper. Et surtout, à cause de ma témérité, non seulement je serai punie, mais mon amie aussi. Nous avons fait tout ce chemin et dépensé beaucoup d’argent pour admirer cette merveille du monde et, en quelques minutes, j’ai tout gâché pour une simple photo? Je m’en veux tellement, je pleure à chaudes larmes de tristesse et de frustration envers moi-même.

Considérant le nombre de touristes ici, si tout le monde fait cela, cette merveille du monde sera une chose du passé dans moins de trois ans. Le policier m’explique qu’il y a énormément de gens qui y travaillent minutieusement chaque jour, à polir les pierres, à nettoyer le site, à s’assurer que les règles sont respectées par les touristes. Il ajoute que grimper sur une structure a sûrement endommagé les pierres si soigneusement placées. Pour lui, le Machu Picchu, c’est le joyau du Pérou et les Péruviens en sont très fiers. Il est certain qu’ils ne laisseront pas une étrangère venir abîmer et manquer de respect à ce site inca sacré.

Il a tout à fait raison et je me suis rarement sentie aussi mal dans ma peau. Je voyage pour découvrir le monde, pour le comprendre et aussi pour mieux le respecter et, là, j’ai vraiment agi contre mes valeurs. Je crois que le policier voit combien je regrette mon acte et il commence à me parler plus doucement. Au final, après de longs moments à discuter, nous supprimons les photos sur mon appareil et il accepte de nous laisser retourner au Machu Picchu sans autre conséquence.

Je n’en crois pas mes oreilles. Je le remercie mille fois de me laisser cette chance et je lui dis que je vais en tirer une grande leçon. Il nous raccompagne sur le site et nous sert même dans ses bras. Je pleure une deuxième fois de joie, de soulagement, mais aussi parce que je suis touchée par la gentillesse continuelle du peuple péruvien en général.

J’avais le goût de vous partager mon expérience, même si j’en ai extrêmement honte. J’ai toujours été très impulsive et spontanée et, à partir de ce moment, je me suis fait la promesse de réfléchir aux conséquences que peuvent avoir mes actes, et ce, peu importe le contexte. En voyage, j’apprends sur le monde et aussi beaucoup sur moi-même, et je comprends que j’aurai toujours du travail à faire pour devenir une meilleure personne.

Pour en savoir plus

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