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Bonne nouvelle, l’électricité coûtera plus cher!

La Régie de l’énergie vient d’autoriser une augmentation du prix de l’électricité au Québec de 2,9%. Quoiqu’en disent certaines associations de consommateurs, c’est une excellente nouvelle pour l’environnement et pour l’économie québécoise. J’y reviendrai.

Saviez-vous que dans plusieurs pays producteurs de pétrole, on subventionne l’essence? Dans un objectif de partage de la richesse, on vend aux consommateurs de l’essence moins chère que le prix de production. Résultat: la consommation explose de même que les impacts désastreux sur la qualité de l’air local et les bouleversements climatiques. Le citoyen ne bénéficie qu’à court terme de la richesse pétrolière du pays.

La Norvège est le pays exportateur de pétrole avec la stratégie la plus progressiste socialement et écologiquement. Non seulement elle ne subventionne pas le pétrole, mais elle impose l’une des taxes les plus élevées au monde sur l’essence et le CO2, 4 fois plus élevée qu’au Canada. En plus, la Norvège taxe massivement les profits de l’exploration et de l’exploitation du pétrole. Avec une population de 5 millions, la Norvège a réussi à mettre 900 milliards de dollars de côté, c’est quatre fois plus que la Caisse de dépôt du Québec.

Malheureusement, la Norvège est l’exception qui confirme la règle. À l’échelle planétaire, les pays subventionnent la production et la consommation de pétrole à hauteur de 500 milliards de dollars par année. En dépit des nombreuses déclarations, notamment par les pays du G20 à l’effet qu’il faudrait éliminer ces subventions, les pays comme le Canada continuent d’encourager le développement pétrolier plutôt que de le ralentir.

Je soupçonne que vous me suivez dans ce raisonnement… Il vaut mieux taxer que subventionner le pétrole. Maintenant, revenons à l’électricité.

À l’échelle mondiale, on produit l’électricité principalement avec du charbon, du pétrole et du gaz naturel. Aux États-Unis, plus de 65% de l’électricité est produite par une énergie fossile et 20% par le nucléaire. Moins de 15% de l’électricité y est produite à partir d’énergies renouvelables comme la biomasse, l’éolien, le solaire ou l’hydraulique.

Le Québec a l’immense privilège de pouvoir compter sur une production d’électricité qui est à 99% renouvelable. D’un point de vue écologique, cela ne signifie pas que l’on peut en consommer autant qu’on veut. Au contraire, c’est une ressource précieuse! Il faut plutôt l’économiser au maximum afin d’en exporter chez nos voisins qui en ont grandement besoin afin de fermer des centrales hyper polluantes. La façon la plus efficace de l’économiser est d’envoyer un signal de prix.

D’un point de vue social, les grands consommateurs d’électricité sont aussi les plus riches. Augmenter le prix de l’électricité est donc un mode de redistribution de la richesse efficace.

Évidemment, il y a des exceptions à toute approche fiscale. En l’occurrence, les consommateurs à très faible revenu habitant des logements ou des maisons très mal isolées risquent de pâtir des augmentations de tarifs. Il existe toutefois des mécanismes simples pour réduire au maximum l’impact sur les plus démunis.

Premièrement, il n’y a pas UN tarif d’électricité, votre tarif d’électricité est divisé en 3 paliers. Les 30 premiers KWh que vous consommez par jour ont un prix plus faible (5 cents et demi). Les suivants coûtent plus cher (8,25 cents). Si vous consommez énormément (pensez à une grande maison à Westmount avec un bain tourbillon extérieur), vous aurez même une surcharge (reliée à la puissance).

Concrètement, cela veut dire que les besoins «de base» en électricité (l’éclairage et la réfrigération par exemple) sont déjà moins chers que les besoins « moyens » (chauffer un bungalow, télévision grand écran, micro-ondes, etc.). Il serait possible d’augmenter le seuil des 30 KWh pour inclure, par exemple, le chauffage d’un petit appartement pour rendre le tarif de base encore plus progressiste.

De plus, il existe des programmes d’efficacité énergétique ciblés pour les personnes à faible revenu (http://www.efficaciteenergetique.gouv.qc.ca/mon-habitation/econologis/#.VP27u75rgRk) qui permettent aux clients d’Hydro-Québec de réduire leur facture d’électricité. Ces programmes pourraient aussi être bonifiés.

Demander au gouvernement du Québec de maintenir les tarifs d’électricité artificiellement bas ne fait aucun sens socialement, économiquement ou en matière d’environnement; pas plus que le Venezuela qui subventionne l’essence.

Chaque augmentation du prix de l’électricité au Québec est une bonne nouvelle. Évidemment, le gouvernement devrait appliquer la même logique à l’essence, mais cela sera l’objet d’une autre chronique!

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