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Damned if you do, damned if you don’t

Militer pour son identité autochtone, c’est synonyme de beaucoup de choses.

Ça vient avec bien des craintes, dont celle d’avoir l’impression de parler juste de ça et que ça prend toute la place dans ta vie. Mes trolls les plus fidèles me disent littéralement de «fermer ma gueule» et les moins originaux me disent que «f*** les Premières Nations».

Mais j’ai aussi des bons commentaires. Vous êtes nombreux à me dire que mes chroniques vous aident à mieux comprendre les réalités de nos coins de pays. Pendant que je me demande sans cesse si je devrais parler de la pluie et du beau temps, vous êtes nombreux à me demander de continuer à défaire les stéréotypes qui pèsent sur nos communautés.

Des fois, je me dis que vous avez peut-être un peu raison. La représentation des Autochtones dans les médias est quasi nulle. En fait, au Québec, je ne connais pas d’autres chroniqueuses ou chroniqueurs autochtones qui bénéficient d’une tribune dans un journal, à part au Eastern Door (que vous devriez lire, en passant). En 2013, c’est seulement 1% des nouvelles qui traitaient des Autochtones, malgré le mouvement Idle No More.

Je me demande donc souvent pourquoi on me dit que j’en parle trop, alors qu’en réalité, on en parle si peu. Je suis présentement à Kuujjuaq pour donner des ateliers de leadership aux jeunes du secondaire. Une partie de l’atelier consiste à écrire des recommandations qui vont être envoyées aux différentes institutions de la place. Ceux-ci m’ont dit qu’ils souhaitaient qu’on s’attaque aux préjugés entourant leur communauté. Je ne suis pas une sauveuse et je ne serai jamais une porte-parole de tous les Autochtones, mais si m’acharner à défaire lesdits préjugés à travers mes chroniques peut les aider, alors c’est déjà ça de bien. Si vous êtes réellement tanné(e)s, envoyez-moi un courriel.

On me demande aussi si je me permets d’être jeune de temps à autre, si je me permets de sortir de mon militantisme et d’être moins «sérieuse». Pour être franche, pas vraiment. De toute façon, j’ai vécu bien des choses tristes, et c’est comme si ma «jeunesse» était un peu déjà partie. Lorsqu’il est question de sa propre survie et de celle de ses pairs, on sent qu’on a peu le choix. Comme je le mentionnais, moi aussi, j’aimerais avoir le luxe de signer des chroniques sur le tofu ou le camping pour millionnaires québécois en Floride, mais la vie en a décidé autrement.

Hier, mon ami Anthony et moi sommes allés en motoneige chasser la perdrix blanche, sur le plateau près de Kuujjuaq. J’allais un peu vite (mais pas trop quand même) dans les bosses et ça nous faisait bien rire. On a ri, parce que chaque fois qu’on y va ensemble on ne voit pas un seul animal. C’est des petits moments comme ça qui me rendent heureuse. J’imagine que c’est un peu notre manière
à nous d’être jeunes.

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