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PETA et les mensonges

J’ai eu plusieurs occasions de voyager dans le Nord au cours des derniers mois. Travailler avec les jeunes et les voir se décoloniser est quelque chose de magnifique. Vraiment, j’ai la plus belle job du monde. Voyager dans les communautés autochtones me garde saine d’esprit. Je vous en parle souvent. Ces temps-ci, ça va mieux. Je sais que j’irai bientôt visiter ma communauté et ça me rassure. Une des premières choses que je fais quand j’arrive quelque part, c’est aller saluer les aînés.
J’en profite aussi pour manger la nourriture locale. Partager un repas traditionnel avec quelqu’un est lourd de sens pour nous.

En novembre dernier, à Kuujjuaq, on m’a offert du gras de béluga avec la peau. Maqtaq, qu’on dit en inuktitut. J’ai pris une photo, étant bien contente de pouvoir en manger, et je l’ai ensuite publiée dans les médias sociaux. Scandale! Les accusations de spécisme et les insultes de toute sorte ont commencé à inonder ma publication et ma boîte de messagerie Facebook.

J’avoue que c’est quelque chose que je commence à voir souvent : des végétariens allochtones montent sur leurs grands chevaux afin de dénoncer nos pratiques «barbares» de chasse. Après Lush et les Brigitte Bardot de ce monde, le groupe PETA a fait circuler une vidéo mensongère dans les médias sociaux pas plus tard que la semaine passée. Une mise en scène tout à fait atroce : un phoque agonisant sur la banquise dans une mare de sang, filmé en gros plan et abattu à grands coups de pic. Je chasse et ce genre d’images me fait de la peine. Ça me fait de la peine, car je sais pertinemment qu’on ne chasse pas de cette façon dans nos communautés.

Le déchirage de chemises sous ma photo de maqtaq et le succès de la campagne anti-chasse aux phoques de PETA témoigne bien d’une chose: la méconnaissance des réalités du Nord. Imaginez vivre dans un climat subarctique ou arctique, où les aliments à l’épicerie coûtent un bras et une jambe, avec un faible revenu. Allez faire une recherche Google sur les prix de la nourriture au Nunavik. Pour les Inuits, la chasse reste une activité de subsistance. La chasse est aussi une des seules sources de revenu pour certaines communautés isolées. Grâce à sa viande extrêmement nourrissante, un seul mammifère marin peut nourrir une ou plusieurs familles et même les vêtir. Il y a aussi des quotas pour les baleines, évidemment. Partager des vidéos de PETA sur la chasse aux phoques aggrave la précarité financière des Inuits, elle-même créée par leur sédentarisation. De plus, les campagnes comme celle de Brigitte Bardot ont fait chuté le prix d’une peau de 100 $ à 10 $. Un sale coup à faire à ceux qui essaient déjà de survivre à la colonisation.

Avant de diffuser de telles campagnes à l’avenir, écoutez plutôt le documentaire Angry Inuk, d’Alethea Arnaquq-Baril. Là, on aura un vrai dialogue sur nos pratiques ancestrales.

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