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Nous étions, nous sommes et nous serons

Une des choses que j’aime le plus faire lorsque je suis sur le territoire de mes ancêtres est probablement de me faire raconter des histoires par les aînés. Ils ont une manière bien à eux de partager des souvenirs et des histoires du temps où ils vivaient encore en forêt. Certains récits sont épiques et me font réaliser toute la richesse de notre histoire.

Ces dernières semaines ont été riches en apprentissages. Ce qui est bien, avec ce territoire, c’est qu’à chaque fois que j’y retourne, j’y retrouve une partie de moi. On ne se lasse jamais d’Eeyou Istchee et de ses enseignements.

J’ai notamment passé beaucoup de temps avec nuhkum, ma grand-mère. Elle et moi partageons une passion pour l’artisanat. Ma grand-mère est âgée de 88 ans et a maintenant beaucoup de difficulté à voir. Celle qui m’a donc appris à perler la première, il y a plusieurs hivers, ne peut donc plus faire de perlage traditionnel. «Sors tes perles pour que je te regarde!» m’a-t-elle dit. Je la vois maintenant dans chacune des perles que je file.

Il y a plusieurs enseignements autour du perlage. Décorer un animal après sa mort est une façon pour nous de l’honorer. Chasser en étant le moins visible possible ne faisait pas partie de nos méthodes de chasse traditionnelles; nous chassions vêtus de nos plus beaux perlages et broderies, pour être visibles pour l’animal, en signe de respect. Certains motifs étaient pour certains esprits en particulier, et même les raquettes étaient décorées. Les aînés m’ont aussi dit qu’il faut toujours aller chasser la première fois avec quelque chose de neuf sur soi. Il y a des motifs qui sont propres à certaines familles, et mon intérêt pour l’artisanat traditionnel m’a permis de voir la boîte où ma grand-mère gardait tous ses motifs. Un vrai trésor. J’ai pris des photos afin que ceux-ci restent dans la famille. Nuhkum m’a appris ces arts délicats, avec patience et amour. J’ai la responsabilité de faire de même et de passer ce savoir-faire à mon tour, un jour. Dans cette boîte, j’ai trouvé les motifs qui ornaient les mocassins de mon enfance. J’accepte la responsabilité d’apprendre à les reproduire avec humilité et bonheur.

Il est de notre devoir collectif d’honorer le legs de nos aînés. C’est ce que je répète toujours aux enfants ici. Nos grands-parents nés en forêt sont porteurs de savoirs qui façonnent notre identité en tant qu’Eeyou. J’ai beaucoup de gratitude envers tous ceux qui prennent le temps de transmettre leur culture à la jeunesse. J’ai aussi beaucoup de respect pour les jeunes qui accueillent ces enseignements dans leur vie à bras ouverts.

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