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Les premiers pas

Maïté Labrecque-Saganash

Si vous vous réjouissez des belles températures à Montréal, ayez une pensée pour mes pairs au Nord qui doivent chasser sous la neige. Siikun (le printemps) met bien du temps à arriver au pays des Cris, ce qui compromet aussi la chasse à l’outarde. Le froid rebute les oiseaux migrateurs et ils arrivent par petites envolées. Les outardes se remettront en route lorsqu’il fera chaud, volant très haut dans le ciel, hors de portée des chasseurs.

Le printemps est une saison où on honore nos chasseurs. La chasse à l’outarde est une des périodes les plus rassembleuses, où tous se réjouissent d’être venus à bout d’un autre hiver hostile. C’est aussi une saison où on accueille les nouveaux chasseurs sur cette Terre.

orsque les fleurs commencent à s’ouvrir et qu’un nouveau cycle commence, c’est le moment de faire les cérémonies des premiers pas pour les enfants. Quand un bébé fait ses premiers pas sur le territoire, nous organisons une cérémonie pour célébrer son arrivée dans nos communautés.

La cérémonie se déroule au lever du soleil. L’enfant est dans le miichwaap (tipi) avec les aînés, vêtu d’habits traditionnels. Les habits sont faits de cuir ou de tissus carreautés qui rappellent nos accoutrements à l’époque de la Compagnie de la Baie d’Hudson. À leur sortie de la tente, les participants auront à simuler la chasse ou l’entretien du camp. Faire cette cérémonie au lever du soleil ne relève pas du hasard. Ça signifie un nouveau commencement, un cycle de vie. La cérémonie des premiers pas est aussi la rencontre entre un enfant et son territoire. On le présente aux esprits et aux animaux, pour que ceux-ci le protègent tout au long de sa vie. On dit que les animaux ne peuvent pas nous voir si nous n’avons pas passé par ce rite de passage, donc ne peuvent pas s’offrir à nous.

Je suis en train de travailler à l’habit de mon neveu, que j’ornerai de perles et de broderies. Organiser cette cérémonie nécessite l’aide de plusieurs. Ça fait partie de nos responsabilités en tant que communautés. Comme on dit: pour élever un enfant, il faut tout
un village.

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