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Nos faux héros nationaux

Graham Hughes / La Presse Canadienne Photo: Graham Hughes / La Presse Canadienne

Ceux qui m’ont demandé mon avis sur le déboulonnage des statues de John A. Macdonald n’ont clairement pas lu mes chroniques durant le 150e anniversaire du Canada, l’an passé. Récemment, Victoria, en Colombie-Britannique, a pris la décision d’enlever la statue du père de la Confédération qui se trouvait devant l’hôtel de ville.

Facile à prédire, mais le geste a suscité de vives réactions au Canada, et on assiste au même débat que lorsque Halifax s’était débarrassé d’une statue d’Edward Cornwallis plus tôt cette année. On nous sert encore le même argument, à savoir qu’enlever des statues relève du révisionnisme historique et que tous ceux qui soutiennent la décision veulent effacer l’Histoire. Avant de répondre à cela, j’aimerais souligner quelques grands moments du défunt premier ministre.

Durant mes années à l’école secondaire, on m’a beaucoup parlé de John A. Macdonald dans mes cours d’histoire. On nous parlait de la Confédération canadienne et de la naissance du Dominion. Même si nos livres comportaient un biais en faveur des Canadiens français, certains détails n’y figuraient pas.

Même chose durant le 150e: on ne parlait pas des horribles stratégies utilisées par Macdonald et son gouvernement pour pousser les Autochtones vers les réserves qu’on leur avait créées. En décimant la population de bisons dans les Plaines, ils ont réussi à programmer des famines, et tout ça dans le bus de construire leur chemin de fer. Sans leur principale source de nourriture, les Autochtones des Plaines canadiennes dépendaient des rations du gouvernement pour survivre.

Si on veut garder les statues de John A. Macdonald, pourquoi ne pas en avoir plus de ceux qui ont souffert à cause de ses politiques?

Et on ose encore nous dire qu’on a perdu nos territoires «parce qu’on ne s’est pas assez battus». Mélanie Joly, alors ministre du Patrimoine canadien, a aussi omis de dire que Macdonald a déjà vomi en plein débat, car il était trop ivre. Quand on parle de l’héritage de Macdonald, on mentionne rarement le procès de Louis Riel, chef des Métis, et comment il l’a accusé de trahison et a justifié sa mise à mort avec une loi datant de 1342.

Déboulonner les statues d’un homme dont le parcours est sombre n’est pas un déni de l’Histoire. Macdonald doit rester dans les livres, mais son histoire ne peut pas être racontée uniquement d’un point de vue canadien-anglais. Les gens n’oublieront pas soudainement Macdonald juste parce qu’une poignée de statues ont été enlevées. On peut reconnaître son apport sans nécessairement en faire un héros national. Et si on veut garder ses statues, pourquoi ne pas en avoir plus de ceux qui ont souffert à cause de ses politiques?

J’attends encore une statue en l’honneur des survivants et de ceux qui ne sont jamais rentrés chez eux, au site de l’ancien pensionnat autochtone de La Tuque. J’y étais il y a quelques jours et il n’y a toujours rien. Pourtant, il ne manque pas de statues en l’honneur d’un homme dont on tarde encore à reconnaître la contribution à ces écoles de la honte.

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