Ça va faire mal

Depuis quelque temps, on anticipe un automne chaud. Le gouvernement Couillard dresse la table : «Il ne faut pas se cacher et penser que tout va être rose. La population va devoir s’ajuster à la réalité.» Cette affirmation du ministre des Finances Carlos Leitao laisse présager le pire si le Québec ne parvient pas à atteindre les objectifs ambitieux de contrôle des dépenses. Les agences de notation auraient même servi un avertissement clair au gouvernement.

Malgré ce que croit le ministre Leitao, les électeurs savent ce qui doit être fait. À la veille du déclenchement des dernières élections, les Québécois étaient déjà résolus. Dans un sondage CROP-Radio-Canada publié en mars dernier, quelque 77 % des répondants affirmaient être inquiets de l’état des finances publiques. Qui plus est, 94 % des sondés souhaitaient qu’on coupe dans les services plutôt que d’augmenter les taxes et les impôts.

Le retour à l’équilibre doit se faire de manière intelligente et durable. Tous savent que couper uniformément 2 % dans tous les ministères et organismes ne représente pas une solution à long terme. Les solutions miracles n’existent pas et «faire plus avec moins» a atteint ses limites. Il faut se demander comment faire autrement.

L’exemple de la santé est éloquent. Comme le faisait remarquer la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec, Régine Laurent : «Le déploiement d’ordonnances collectives permettrait au gouvernement d’économiser beaucoup d’argent. Un plus grand nombre d’actes médicaux réalisés par des professionnelles en soins, c’est autant d’actes médicaux qui ne seraient pas facturés par les médecins.» Mais il n’y a rien de pire que la force de l’inertie face au changement.

Cependant, les objectifs que se donne le gouvernement rendent pratiquement impossible de revoir les processus en profondeur. Avec la Commission permanente de révision des programmes, Lucienne Robillard a le mandat de «recentrer l’action de l’État dans des programmes prioritaires, là où les besoins sont les plus criants.» Les premières recommandations doivent être livrées dès octobre. Trouver 3,2 G$ en quelques mois rend l’opération périlleuse.

Il faut espérer que l’État fasse ce qui doit être fait dans une perspective à long terme. Les temps ont changé, l’interaction entre les citoyens et l’État évolue. On s’attend à plus et surtout à une approche qui fera que tout ne sera pas à recommencer. Les citoyens doivent sentir que l’investissement qu’ils font avec les taxes et les impôts est profitable pour tous.

Contenir la croissance des dépenses à 1,8 % et atteindre les objectifs de réduction récurrente vont demander beaucoup. Inévitablement, ça va faire mal. Avec le débat des dernières semaines sur les régimes de retraite, on voit qu’une fois rendus à la rivière, les Québécois semblent moins enclins à traverser le pont. Voilà le paradoxe, il y a toujours ailleurs un meilleur endroit où couper pour ne pas que cela nous touche…

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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