Devoir de mémoire

Trente ans après l’accession de Brian Mulroney au poste de premier ministre, et près de 20 ans après le dernier référendum du Québec, deux publications nous permettent de prendre un moment pour nous attarder à une période politique qui laisse encore une plaie ouverte, même après toutes ces années. La décennie 1985-95 aura été marquante dans l’histoire du Québec. À un point tel qu’elle influence encore et toujours les prises de position politiques d’aujourd’hui.

Avec le rapatriement unilatéral de la Constitution de 1982, le Québec a été mis de côté. Brian Mulroney, leader déterminé dans sa volonté de réconcilier le Canada, a voulu trouver une voie de passage. Il a ouvert la porte en livrant avec passion des lignes écrites par son ami Lucien Bouchard. Il a offert l’occasion de préparer un retour dans l’honneur et l’enthousiasme.

La vague conservatrice a déferlé au Québec comme ailleurs au Canada. Brian Mulroney a remporté l’élection avec 211 sièges, dont 58 au Québec. Il a eu la légitimité de donner suite à son engagement. Il a façonné l’entente du lac Meech, qui s’est soldée en 1990 par un échec cuisant à minuit moins une. Un épisode qui a terrassé le premier ministre, comme on peut le lire dans le livre de Guy Gendron intitulé Brian Mulroney : L’homme des beaux risques. L’ancien premier ministre, «animé par l’idée de la réconciliation nationale», décrit ce moment comme le pire de sa vie politique.

Cet épisode névralgique de notre histoire met la table pour un autre moment charnière, le référendum de 1995. Les auteurs Chantal Hébert et Jean Lapierre prennent la balle au bond et donnent la parole aux joueurs-clés de ce qu’on peut voir comme une suite logique à l’échec de Meech. Dans

Confessions post-référendaires, les témoignages illustrent l’effervescence politique qui régnait à l’époque et nous permettent, avec la complicité des acteurs, de vivre les événements avec certain recul. À quoi s’est ajoutée, ces derniers jours, la prise de parole publique des acteurs eux-mêmes pour préciser ce qu’ils retiennent de cette période.

Par les temps qui courent, c’est de bon ton de dire que personne ne veut entendre parler de la question nationale. Le débat qu’ont suscité les deux livres publiés cette semaine tendent pourtant à démontrer le contraire. Cette question retient toujours l’attention et suscite des réactions passionnées. Rien n’est réglé. Le Québec est toujours en marge, et rien ne laisse présager que la situation changera à court terme.

Il faut savoir d’où on vient pour déterminer où on va. Ça peut sembler cliché, mais nous avons un devoir de mémoire. Cette mémoire nous rappelle qu’à une époque, tout semblait possible. Elle peut aussi nous permettre d’éviter de refaire les mêmes erreurs. Les aspirants candidats à la course à la chefferie du PQ devraient y être attentifs.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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