Y a-t-il un pilote dans l’avion?

Avec la rentrée parlementaire à Québec et les dérives de l’été, on était en droit de s’attendre à sentir que le gouvernement Couillard avait repris le contrôle pour assurer la cohérence de son action. Or, depuis quelques jours, tout y est passé. De fuite dans les médias en fuite dans les médias, on apprend que l’universalité des services de garderie est remise en question, que l’abolition des conservatoires de musique en région et des régies de la santé est envisagée, qu’on parle de diminuer les prestations des congés parentaux et l’aide aux devoirs… Le ministre des Finances jongle même avec la possibilité d’accroître les impôts. Bref, rien n’a été épargné, sans pour autant que l’on ait droit à un fil conducteur.

Il est vrai que le Québec est à la croisée des chemins. Les finances publiques ne balancent plus. Ce n’est certes pas la première fois. Chaque crise économique a amené avec elle le défi de stimuler la croissance et de balancer les finances. Les déficits à ces moments précis étaient liés à la conjoncture économique ici, mais aussi ailleurs dans le monde, d’où le nom déficit conjoncturel.

Cette fois, la source du problème est tout autre. Les façons de faire actuelles ont atteint leurs limites. Les taxes et les impôts sont plus élevés que chez nos voisins. La croissance économique peine malgré la reprise américaine. Les services publics ne livrent pas leurs promesses. La situation maintenant est liée à la structure de l’organisation de l’État. La crise que nous vivons est donc maintenant structurelle.

Le modèle québécois s’est forgé sous l’impulsion de la Révolution tranquille. Les choix de l’époque ont été motivés par la réalité de l’époque. La réalité est aujourd’hui tout autre. Les Québécois sont plus outillés qu’à l’époque. Nous avons repris le contrôle de notre économie. Nous avons un taux de réussite comparable à nos voisins, tant en éducation qu’en affaires. Le modèle mérite donc d’être modernisé en fonction de cette réalité.

Le changement est nécessaire. Personne ne nie qu’il faille agir, mais le changement ne peut se faire dans l’improvisation. Il faut un plan. Une vision cohérente des changements est nécessaire. Or, le gouvernement Couillard semble tirer dans toutes les directions. Cette fois, il ne suffira pas de faire plus avec moins. L’État québécois devra faire autrement, dans un contexte différent. Mais aussi parce que les défis posés aux nouvelles générations de Québécois sont différents de ceux posés à ceux qui les ont précédés.

Or, qui a voté pour ça? Philippe Couillard n’a jamais dit qu’il allait revoir les fondements mêmes de l’État québécois en campagne électorale. Il a bien parlé d’équilibre des finances, de la révision des programmes et d’efficacité, mais pas de changements majeurs. Un programme de coupes sans vision se résume à un plan d’austérité. Cela ne règlera rien à long terme. Le Québec mérite pourtant mieux, nous avons besoin d’une piste d’atterrissage claire. Ce qui nous amène à nous demander… Y a-t-il un pilote dans l’avion?

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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