La semaine Jean-Francois Lisée

La course au leadership au Parti québécois est maintenant officiellement amorcée. Alors que Pierre Karl Péladeau réitère, tel un mantra, qu’il fera l’anonce de sa candidature au moment opportun, Jean-François Lisée distribue les attaques à tout vent contre ses principaux adversaires, Pierre Karl Péladeau et Bernard Drainville.

Le plus récent sondage Léger l’avait placé dans une situation périlleuse. Avec moins de 2% d’appui auprès de l’électorat péquiste, M. Lisée avait fort à faire.

Aujourd’hui, avec une présence médiatique soutenue depuis une semaine, il s’est imposé. Pour s’inscrire dans la course, il devait combattre l’image d’une candidature marginale. Sur ce plan, il a relevé son pari. Il a également le mérite d’avoir clairement soulevé le problème que pose pour la démocratie le mélange des genres entre être un élu et posséder un empire de presse.

Le député de Rosemont a eu le courage de parler de cet éléphant dans la pièce alors que peu de gens au Parti québécois osent le faire. Maintenant que le chat est sorti du sac, Jean-Francois Lisée tente de s’en éloigner. Lui qui a relancé la question du statut délicat de M. Péladeau lors de la conférence des présidents du Parti québécois tente maintenant, plutôt maladroitement, de remettre la pâte à dent dans le tube.

Loin de vouloir appuyer la motion déposée à l’Assemblée nationale, il se dit plutôt satisfait, pour l’instant, de la mise au point qu’a faite l’actionnaire de contrôle de Québecor. En disant que la proposition de M. Péladeau est un bon premier pas, mais qu’elle demeure insuffisante, il se laisse la possibilité de la critiquer à nouveau durant la campagne à la chefferie.

Question de ne laisser personne de côté, M. Lisée s’en est aussi pris à Bernard Drainville. Lui qui cosignait une lettre en soutien à la charte des valeurs dans le New York Times intitulée «Jefferson du Québec», il dit aujourd’hui qu’il aurait démissionné du Conseil des ministres si le projet de loi avait été présenté sans amendement. Le principe de la solidarité ministérielle en prend certes pour son rhume.

Or, Jean-Francois Lisée pourrait rapidement devenir prisonnier de sa stratégie. Car en faisant remonter à la surface la préoccupation latente autour du dossier PKP, il a peut-être solidarisé le caucus du PQ autour de ce dernier. Les sorties des derniers jours de Stéphane Bédard et d’Agnès Maltais ne laissent planer aucun doute sur leur préférence, alors que ceux-ci devraient, à titre de chef intérimaire et de leader parlementaire respectivement, demeurer neutres…

En politique, lorsqu’on lance une fronde ou qu’on jette un pavé dans la marre, il faut aller au bout de sa démarche. Les Québécois jugeront sévèrement Jean-François Lisée si, après avoir soulevé des critiques très fortes à l’égard de ses collègues, il donne l’impression de reculer plutôt que d’assumer ses propos. C’est pourtant le signe qu’il a lancé durant le débat sur la motion de la CAQ quant à la modification du Code d’éthique des députés. Certes, la course ne fait que débuter. Si la première partie a été marquée par ses déclarations incisives, les prochains mois permettront de cerner les contours et la vision d’un député qui ne laisse personne indifférent.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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