Retour vers le passé

Des histoires étouffées, des femmes qui ont gardé le secret pendant bien des années et qui sortent de l’anonymat pour dénoncer des agressions… On a une impression de retour vers le passé. On croyait que les changements législatifs apportés au fil des années avaient rendu les milieux de travail sécuritaires et respectueux. On croyait que les femmes avaient trouvé une certaine paix intérieure qui leur permettait de dénoncer librement des comportements dérangeants. Mais on constate que le changement prend du temps.

On pourrait aussi croire que les gestes déplacés, le harcèlement ou même les agressions ne se produisent que dans des milieux bien précis. On apprend que c’est une grave erreur. Aucun milieu n’est à l’abri. Ni le milieu médiatique ni le milieu politique. Dire qu’on croyait que le monde avait évolué.

Disons d’entrée de jeu qu’une personne est présumée innocente jusqu’à preuve du contraire. Aucune accusation, aucun jugement de culpabilité n’ont été prononcés, mais des faits rendus publics sont suffisamment troublants pour qu’on s’inquiète de la situation. L’affaire Jian Ghomeshi de la CBC, le pendant anglophone de Radio-Canada, n’était que la pointe de l’iceberg. Voilà que Justin Trudeau a suspendu deux députés à cause d’allégations de comportements, disons, à défaut d’en savoir plus, inacceptables envers des collègues députées.

Cela dit, la situation est suffisamment grave pour que Justin Trudeau ait fait fi de leur présomption d’innocence et leur ait enlevé également leur investiture pour la prochaine élection. L’un d’eux, Massimo Pacetti, est un député d’expérience de Montréal qui représente la circonscription de Saint-Léonard–Saint-

Michel. Il était président du caucus du Québec, ce qui n’est pas rien. L’autre, originaire de Terre-Neuve, était responsable de l’éthique au PLC.

Et ce n’est pas tout. Un grand quotidien torontois a révélé que les libéraux auraient précédemment étouffé une affaire du même genre. Une employée du parti aurait été congédiée après avoir dénoncé le comportement répréhensible d’un supérieur.

Il est tout de même incroyable que dans ces lieux où se votent les lois du pays on puisse vivre de telles situations. Que la Chambre des communes, contrairement au Sénat qu’on croyait plus ringard, n’ait pas un processus clair en la matière. Même au Parlement, on se doit de rappeler que tous et toutes doivent bénéficier d’un milieu de travail sécuritaire et respectueux. Dans l’immédiat, il appartient au président de la Chambre des communes d’agir.

À plus long terme, il faut s’assurer que les milieux de travail, le Parlement comme les autres, offrent un climat sain et aient des processus clairs de dénonciation. Il faut de plus mettre fin à la culture qui veut qu’entre parlementaires, on règle les affaires en famille. Pour préserver la confiance et surtout pour protéger de possibles victimes, un processus clair doit être mis en place afin d’éviter de revivre des actes dignes d’une époque qu’on croyait révolue.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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