À manipuler avec soin

La course au leadership du PQ a pris un tournant majeur et inattendu cette semaine avec le débat organisé par les jeunes péquistes de l’Université Laval. Bernard Drainville avait de loin dominé la joute oratoire. Tant sur le fond que sur la forme, il s’était avéré le plus efficace. Mais peu s’en souviendront : toutes les prises de position des candidats ont été éclipsées par un commentaire du meneur.

Aux dires de Pierre Karl Péladeau, il est urgent de faire la souveraineté, car le projet est à risque. «On n’a pas 25 ans pour réaliser notre indépendance. Avec l’immigration et la démographie, on perd un comté par année», a-t-il dit. Ainsi, il ouvrait la boîte des vieux démons du Parti québécois. Il n’en fallait pas plus pour faire ressurgir le clip de la défaite de 1995.

La twittosphère s’est enflammée. Tous cherchaient une explication. Certains ont tenté de réviser les propos, expliquant que le candidat parlait de la situation du Québec dans le Canada, d’autres appuyant pleinement la position de leur candidat. Plusieurs ont cherché à s’en dissocier : pas question pour eux de jouer dans le film du vote ethnique. Alexandre Cloutier, Pierre Céré, Bernard Draiville et Martine Ouellet en ont tous profité pour réaffirmer leur vision de la diversité. Et finalement, M. Péladeau a clarifié sa pensée pour tenter d’éloigner le malaise.

Le Parti québécois n’en est pas à ses premiers déchirements sur le sujet. Le projet souverainiste inclusif était l’idéal à atteindre pour René Lévesque. Le «nous» exclusif des francophones de souche vient cependant hanter ce parti depuis les déclarations malheureuses de Jacques Parizeau le soir du dernier référendum. Or, le projet de pays, comme tous les projets de société québécois, doit inclure tous ceux et celles qui ont choisi le Québec. On ne peut faire abstraction de la réalité.
Souverain ou non, le Québec est en quête d’un modèle d’intégration qui lui ressemble. Le multiculturalisme ne colle pas à la réalité de la minorité nord-américaine que constitue le Québec. L’interculturalisme de la CAQ reste encore à être éprouvé. Tout repose sur la capacité d’offrir les outils nécessaires à l’intégration.

Une chose est sûre, le sujet de l’immigration est délicat. Chaque mot doit être choisi avec soin. Les susceptibilités sont grandes. Les accusations fusent facilement. Les leaders politiques ont donc la responsabilité de peser leurs mots et de réfléchir deux fois plutôt qu’une avant d’enflammer le débat. La déclaration de PKP nous éloigne malheureusement d’une réflexion sereine et responsable sur un sujet central pour l’avenir
du Québec.

Si le PQ veut se questionner plutôt que de trouver des boucs émissaires, il a beaucoup de matière ailleurs. Il n’a qu’à regarder du côté de l’appui qu’il récolte auprès des nouvelles générations. Comme le rappelle le candidat Pierre Céré, les jeunes adhèrent de moins en moins à cette formation politique. Le dernier sondage Léger la positionnait d’ailleurs à 17 % chez les 18-24 ans, en quatrième position, derrière le PLQ, la CAQ et Québec solidaire.

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