L’Alberta vue d’ici

On connaît mal les Albertains et leur Alberta. On caricature à peine en disant que les nouvelles qui nous viennent de l’Ouest se limitent à la production de pétrole, au Stampede et à la péréquation. Leurs chapeaux de cowboy durant le déjeuner organisé par la Ville de Calgary à l’occasion du Carnaval de Québec est probablement ce qu’on connaît le mieux.

Les choses vont changer. Avec l’élection d’un gouvernement NPD, une vague orange a déferlé sur la province de l’Alberta, pourtant dite la plus conservatrice du Canada. Les Albertains ont donné une leçon au cynisme politique et montré que toutes les formations politiques peuvent aspirer à surprendre. Sans battre des records, ils sont sortis en grand nombre, comparativement à leur habitude.

C’est donc une petite révolution dans une province où les conservateurs étaient au pouvoir depuis 40 ans. Il faut cependant y mettre des nuances. La nouvelle première ministre, Rachel Notley, ne se place pas en rupture avec la tradition. Elle veut développer l’Alberta 2.0 en maintenant un dialogue ouvert.

Elle veut augmenter les redevances des pétrolières, mais compte le faire dans un climat de collaboration. Elle souhaite aussi diversifier une économie qui repose largement sur l’énergie fossile. On la comprend : près de 25 % du PIB de la province en dépend. Une situation qui crée une grande dépendance et place la province dans une situation de vulnérabilité face au prix du baril.

Cette campagne électorale nous enseigne certains principes. Jim Prentice, le premier ministre défait, aurait dû parler à Pauline Marois avant de déclencher des élections hâtives. Les électeurs n’ont pas manqué d’envoyer le message que les élections à date fixe ne sont pas un concept abstrait, mais un principe à respecter. Ils n’ont pas non plus manqué de retourner les transfuges à la maison. C’est tout dire, Danielle Smith, l’ex-chef du Wildrose qui avait traversé la Chambre pour se joindre aux progressistes conservateurs, commentait la soirée électorale à la télé.

Le choc sismique s’est aussi fait sentir à Ottawa. Évidemment, à six mois d’une campagne, tout le monde a tenté de trouver une interprétation qui l’avantage. Thomas Mulcair avait toutes les raisons de se réjouir. Bien qu’il n’ait pas contribué directement à cette victoire, il peut espérer tirer profit de la performance du NPD en Alberta. La victoire de sa famille politique mobilise les troupes et galvanise les électeurs en quête de changement. Le temps dira toutefois si le vent albertain pourra souffler jusqu’au 19 octobre prochain.

Pour le Québec, cette élection aura le mérite de faire tomber certains mythes sur une province avec laquelle nous partageons pourtant beaucoup de choses, dont une volonté d’autonomie par rapport à Ottawa. Cela rappellera aussi à nos dirigeants qu’ils auraient tort de tenir leurs électeurs pour acquis.

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