Dialogue obligé

L’ordre du jour du Conseil de la fédération réuni à Terre-Neuve met en lumière le fossé qui se creuse entre Ottawa et les provinces. Regroupant deux fois par année les premiers ministres des provinces et les dirigeants des territoires, ce conseil existe depuis 2003 à l’initiative de Jean Charest.

Au départ, les rencontres entre les différentes provinces se soldaient plus souvent qu’autrement par la conclusion que celles-ci s’entendaient sur le fait de ne pas s’entendre. Sauf pour réclamer davantage d’argent au gouvernement fédéral… Pour plusieurs, il s’agissait alors d’un forum inutile. Ses plus grands détracteurs disaient qu’il s’agissait plutôt d’un club social qui permettait aux premiers ministres de visiter les plus beaux endroits du pays chaque année en juillet.

Depuis l’arrivée des conservateurs, faute de rencontres multilatérales formelles avec le premier ministre du Canada, la dynamique tend à changer. C’est particulièrement vrai à l’aube de cette campagne électorale fédérale. Les provinces ont cette fois une liste de doléances contre les façons de faire du gouvernement de Stephen Harper. Les sujets à l’ordre du jour sont clairement le reflet du manque de communication entre ces deux niveaux de gouvernement.

Qu’on soit d’accord ou non, pour l’instant, le Canada est un État fédéré, ce qui commande une coopération entre les paliers qui partagent des responsabilités. Il faudrait rappeler à Stephen Harper qu’il a l’obligation de dialoguer.

Sur le dossier autochtone, les provinces se substituent à l’instance fédérale, cette dernière refusant de tenir une commission d’enquête. Les premiers ministres des provinces proposent de tenir une nouvelle table ronde nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées, à la suite de celle organisée en février. Sur les pensions, l’énergie, les infrastructures et surtout la lutte aux changements climatiques, les provinces tenteront de s’entendre entre elles plutôt que d’essayer de forger un dialogue avec Ottawa.

Il faut dire qu’il fut un temps où le gouvernement fédéral organisait des rencontres fédérales-provinciales. Ce genre de rencontres permettait de discuter d’enjeux partagés. D’ailleurs, en 2004, le premier ministre Paul Martin avait surpris tout le monde en permettant au Québec d’avoir une entente différente de celle conclue avec les autres provinces en matière de santé. Cela prouvait que le fédéralisme n’avait pas à être synonyme de mur à mur et pouvait faire preuve d’asymétrie.

Aujourd’hui, période pré-électorale oblige, les provinces partagent leur liste d’épicerie avec les partis fédéraux. Sur ces sujets, le consensus est facile à trouver. Demander plus, que ce soit en santé ou en infrastructures, n’est pas très difficile. Cependant, si l’argent est important, c’est plutôt sur le plan de la dynamique proposée qu’il faudra juger les engagements des partis fédéraux.

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