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Charte : Prendre le temps

Certains aspects de la «charte des valeurs» du gouvernement du Parti québécois sont bien acceptés. Ce n’est pas étonnant : ils font partie du consensus social depuis des décennies. Il y a longtemps que les Québécois veulent un État laïque.

Il n’en va pas de même des propositions relatives à l’interdiction du port de signes religieux ostentatoires dans le secteur public. Ce n’est pas étonnant non plus. Car ces propositions se heurtent aux protections assurées par les chartes des droits et libertés qui font partie de notre culture politique depuis plus de 40 ans. Nous en avons majoritairement intégré les principes. Spontanément, limiter l’exercice d’une liberté choque.

Mais en plus, l’idée d’interdire le port de signes religieux est une proposition nouvelle dans notre univers politique. Par exemple, le Groupe de travail sur la place de la religion à l’école, dont le rapport a été remis en 1999, n’en soufflait mot. Un avis publié du Conseil du statut de la femme proposait cette idée, mais c’était en 2010. La seule instance mandatée par le gouvernement pour y réfléchir au cours des récentes années, la commission Bouchard-Taylor, a conclu, au terme d’une vaste consultation, que l’interdiction générale n’était pas souhaitable.

Nous ne savons pas si cette norme en viendra à faire consensus au Québec. Il suffit toutefois de voir combien de temps il a fallu pour disposer de la question de l’enseignement religieux à l’école pour constater qu’il est long le chemin pour trancher ce genre de débat.

La déconfessionnalisation du système scolaire a commencé en 1964 par la création du ministère de l’Éducation. Et ce n’est qu’en 2008 que l’enseignement religieux confessionnel a été retiré des écoles publiques. Quarante-quatre ans.

C’est en 1997 seulement qu’un amendement à la Constitution du Canada a permis de retirer leur statut confessionnel aux commissions scolaires. On a déconfessionnalisé les écoles en 2000, sur recommandation d’un groupe de travail qui avait pris 18 mois pour étudier le sujet, mais tout en maintenant le privilège pour les catholiques et les protestants d’obtenir pour leurs enfants un enseignement religieux confessionnel à l’école publique.

Cinq ans plus tard, sur recommandation cette fois du Comité des affaires religieuses du ministère de l’Éducation, créé en 2000, le gouvernement abolit cet enseignement. Mais un cours d’éthique et de culture religieuse est instauré en 2008.

C’est avec le temps que les choix faits à ce sujet par la société québécoise se sont cristallisés, au fil d’un débat public soutenu, alimenté par des recherches et des études menées par des comités et des commissions sous des gouvernements de diverses allégeances.

Allouons-nous de même le temps qu’il faut pour prendre une décision éclairée sur les signes religieux. Notre société ne s’en portera que mieux.

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