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Enjeu caché

Quand la campagne électorale bat son plein, on peut avoir l’impression que la politique est devenue populaire parce que les médias lui consacrent beaucoup d’espace.

Or depuis les années 1980, on observe un déclin de la participation électorale. Celui-ci est dû principalement au fait que les jeunes ne votent plus, si on exclut un sursaut en 2012, dans le sillage du conflit étudiant. De 1985 à 2008, le vote des jeunes au Québec est passé de 64% à 36%.

Durant la présente campagne, le sujet n’est pas un enjeu. C’est pourtant un drame. Un drame que la jeunesse d’un pays boude un tel exercice démocratique et excluent ses visions du monde du combat pour le pouvoir.

Depuis quelques années, des campagnes publicitaires sont menées pour inciter les jeunes à voter (voir cacompte.org). Leur effet est réel, mais insuffisant pour renverser la tendance durablement.

Même à 62%, le taux de participation des 18-24 ans atteint en 2012, le vote des jeunes est encore trop bas pour assurer le renouvellement des générations dans l’électorat actif. Les études montrent qu’un jeune qui ne vote pas la première fois qu’il atteint l’âge, il a plus de risque de ne jamais voter dans sa vie.

L’ajout de bureaux de scrutin dans les institutions d’enseignement supérieur est aussi une bonne chose. Mais les jeunes ne sont pas tous étudiants.

Pour changer la trajectoire déclinante de la participation électorale des 18-24 ans, il faut un électrochoc. Cette semaine, l’Institut du Nouveau Monde, que je dirige, a publié une proposition à mettre en débat: créer un rite de passage civique à l’école secondaire et l’assortir de réformes qui renforceraient, chez le jeune, mais aussi chez les moins jeunes, le sentiment que voter n’est pas qu’un droit, c’est un devoir et une responsabilité.

Il est proposé d’instituer un cours obligatoire d’éducation à la citoyenneté au secondaire, alors que tout le monde fréquente encore l’école. Et puis en profiter pour abaisser l’âge du vote à 16 ans, de manière à ce que tu votes pour la première fois dans un contexte où une institution de la société, l’école, t’encadre et te prépare à ce geste. L’école pourrait célébrer l’acquisition du droit de vote de la même manière que l’on célèbre l’obtention de la citoyenneté pour un immigrant. Et pour encourager les jeunes à s’engager, un Service civique pourrait leur être offert.

Deux réformes viendraient compléter le portrait: le vote obligatoire avec possibilité de voter blanc; le scrutin proportionnel pour faire en sorte que chaque vote compte.

Il faut être audacieux pour changer les choses. Voilà un enjeu démocratique d’avenir. Quel parti s’en saisira?

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