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Les choix

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miriamfahmy2014 - Directrice de la recherche et des publications à l'Institut du nouveau monde

Une professeure de philosophie avec qui je formais équipe pour donner une série de conférences sur la citoyenneté et la démocratie il y a quelques années prononçait devant l’auditoire cette phrase qui est restée gravée dans mon esprit: «Choisir, c’est renoncer. Mais c’est aussi promouvoir.»

Cette semaine, le ministre des Finances a annoncé des coupes de 5G$ sur deux ans afin de retrouver l’équilibre budgétaire. La Commission permanente de révision des programmes devra quant à elle couper 3,2G$ afin que les dépenses de l’État n’augmentent pas ou très peu au cours des prochaines années. Pour le gouvernement, faire ces «choix difficiles» signifie qu’il renoncera à certains programmes et services.

Ce faisant, que compte-t-il promouvoir? Il nous parle de créer les conditions nécessaires pour garantir «la même liberté, capacité de choix» dont ont joui les générations précédentes. On est d’accord! Mais est-ce en coupant dans les programmes qu’on y arrivera?

On nous dit que les dépenses en infrastructures ne sont, elles, pas soumises à l’équilibre budgétaire, car elles représentent des investissements pour les générations futures. On considère donc qu’il est normal d’emprunter pour les financer. Les infrastructures, ce sont les ponts, les routes, les édifices. Mais pourquoi donc s’en tenir au bitume et aux briques? Le patrimoine matériel n’est pas le seul à être «payant» à long terme. Un gouvernement qui a le souhait d’agir de façon responsable pour les générations futures ne peut pas exclure de ses calculs les dimensions humaines du progrès.

J’invite donc le gouvernement à considérer les bénéfices procurés par les «infrastructures sociales», moins visibles que les infrastructures matérielles, mais tout aussi nécessaires au maintien d’une société prospère.

Quels sont ces bénéfices? Le repos donné par une maison de répit à une famille dont l’enfant vit avec une déficience intellectuelle. La marge de manœuvre offerte à une mère monoparentale qui fait garder ses enfants à petit prix. L’assurance avec laquelle un jeune commence sa vie professionnelle lorsqu’il n’a pas contracté une dette pour étudier. La préservation des écosystèmes dont nous avons besoin pour exister. La sécurité matérielle, psychologique, physique, protégée par une société où l’on peut se côtoyer sans haine, sans accuser son voisin, le cœur plein de ressentiment, d’être «gras dur», car on sait que le système est au service de tout le monde.

Choisir, c’est promouvoir. Si notre gouvernement cherche à promouvoir notre capacité de prospérer, il devra s’atteler à la tâche difficile de protéger non pas seulement l’équilibre budgétaire, mais aussi l’équilibre social et environnemental.

Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.

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