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L’open data pour réparer les nids-de-poules

Il y a trois mois, j’étais frustré. Dix jours après que ma rue (Ontario) ait été complètement refaite, il y avait déjà un affaissement de la chaussée. Environ 900 000$ de travaux donnés à Tony Accurso (la société Louisbourg lui appartenait jusqu’à récemment) et déjà un gros nid-de-poule!

Vous vous demandez peut-être ce qu’il est advenu du nid-de-poule? Pas grand chose! On a constaté que les travaux avaient affaibli une conduite d’eau abandonnée du magasin Pharmaprix, qui a cédé. C’est cela qui a provoqué l’affaissement. L’entreprise doit faire inspecter son vieux drain et réparer le nid de poule en cas de responsabilité.

Vous vous demandez aussi peut-être ce qui est advenu du nid-de-poule depuis trois mois? Rien. Ah si! On a mis une grosse plaque de métal par dessus. Bref, on a patché, une spécialité montréalaise!

plaque

Voilà pourquoi il faudrait vraiment que Montréal opte pour un Service 311 en format ouvert (open data), comme plusieurs villes telles que Toronto, Chicago ou San Fransisco.

Je vous explique comment ça fonctionne. Vous voyez un nid-de-poule, un graffiti, des déchets pas ramassés… Au lieu d’appeler le traditionnel 311, vous prenez une photo avec votre téléphone et vous envoyez le tout par courriel au Service 311, qui vous envoie un accusé de réception.

Grâce à la photo, le Service 311 est capable de relayer plus précisément l’information aux cols bleus concernés, qui peuvent déjà faire une pré-analyse sans se déplacer. L’important, c’est que les infos soient disponibles à tous, sur internet, avec une date d’ouverture de dossier et les actions qui ont été entreprises depuis.

À l’inverse, pour avoir des infos sur mon nid-de-poule, j’ai dû appeler le service des communications de l’arrondissement. On m’a rapidement répondu parce que je suis journaliste. Mais dans un autre dossier personnel, où je ne me suis pas présenté comme tel, ça m’a pris pas mal plus de coups de fils pour obtenir des réponses!

À Chicago, par exemple, 40% des 3,9 millions d’appels reçus annuellement au 311 concernent des problèmes déjà signalés. Avec un service 311 en format open data, où les dossiers en cours sont visibles par tous, on limite les dédoublements. Et surtout, comme il y a une date d’ouverture du dossier et des mises à jour, on peut suivre l’état d’avancement du dossier sans avoir à rappeler. Ça met aussi un peu de pression sur les autorités municipales, car les cas d’inaction sont plus visibles… Gageons qu’avec un tel système, le nid-de-poule de la rue Ontario aurait été colmaté plus rapidement!

Pour pousser un peu les autorités municipales, les geeks montréalais de l’open data ont créé une petite démo de ce qu’on pourrait faire à Montréal (YUL311). Mais ça a peu évolué depuis, car ils se sont butés à un os: impossible de connecter leur application avec les logiciels privés de la Ville.

«Les logiciels en question sont des mastodontes implantés dans tous les arrondissements, développés il y a fort longtemps, et fortement intégrés (donc difficile d’en changer un sans changer ce qui est autour). Enfin, recevoir une autre source de requête que celle actuellement en place semble très difficile à faire dans l’état actuel des choses», explique Stéphane Guidon, l’un des créateurs de YUL311, qui travaille pour OpenNorth.

Voilà pourquoi ce devra être une décision municipale… Bonne nouvelle toutefois, plusieurs candidats à la mairie semblent décidés à faire de la question des données ouvertes (open data) et des logiciels libres (même philosophie), l’un des enjeux de la campagne. Mon nid-de-poule a donc une espérance de vie limitée.

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